Par Jupiter, la croisière s'amuse !

Publié le 28 Février 2008

Quand vous chantez des trucs comme : ooooooooooo viirgo !!! spleeeeeendeeeeeeeens hic, iiinnnn moooooonte ceeelso, miraaculiis serraaaaaaaaato (Livre Vermeil de Montserrat, du grégorien quoi..., des chants de pélerins du XIV) vous avez intérêt à profiter de tous les moments pour réussir à ingurgiter la mélodie... le métro, avec le dictaphone à l'oreille c'est idéal (non je n'ai pas encore pu m'offrir le lecteur MP3 dernier modèle, car je fais partie d'une certaine classe moyenne archi-fauchée...).

Aujourd'hui, jeudi (ave Jupiter!!!), j'ai bien senti qu'une drôle d'énergie flottait dans l'air de ma ligne 11, déjà sur le quai, assis sur un banc, un homme à la tenue "correcte" exigée, installé confortablement de façon à faire un somme, une écharpe autour du cou, un pan rejeté vers l'arrière, lui recouvrant tout le visage, tel un voile, comme un paravent devant ses yeux... Jeudi, me dis-je... 

Au changement avec la ligne 2, je me demandai ce qui allait pouvoir se passer... Deux hommes, l'un harnaché d'un accordéon, l'autre un micro à la main, se sont mis à entonner à tue-tête des airs sud-américains tout aussi connus les uns que les autres, mais dont j'ai oublié le nom... Adieu "virgo", adieu Montserrat, je n'avais plus qu'à ranger ma cassette, et mes partitions... là, j'en avais pour 6 minutes... eh, non ! au bout de 3 minutes à peine, les voilà qui passaient la bourse à la main, pour demander leur juste rétribution... Bien sûr, Jupiter, le gain, le profit... l'expansion... 

A  La Chapelle, la pluie tombait doucement sur la vitre, quelques gouttes même sont entrées et ont mouillé mon visage, c'est alors que je me suis mise à penser à Ingrid Betancourt, dont j'avais lu le matin qu'elle allait très mal, qu'elle agonisait probablement quelque part dans la jungle.

Je me suis dit, nous sommes là, à nous amuser... nos vies telles des croisières bien huilées, avec nos distractions de Parisiens, nos angoisses de Parisiens, nos SDF, nos culpabilités, nos frustrations, nos quotidiens... 

Elle, elle est là-bas. 

Elle agonise.

Pour un idéal, la démocratie.

Parce qu'elle a voulu dialoguer avec eux, avec les guérilleros.

Jusqu'à présent j'avais plutôt été indifférente... ou plutôt agacée par tout ce tapage... ses enfants aux allures de petits bourgeois bien rangés, bien "seizième",  venant à tout bout de champ nous demander de nous révolter pour le sort de leur maman. Même Renaud me saoulait... avec sa cause...

Et là... Ingrid m'a touchée.

Cette femme, comme Florence Aubenas l'avait été, m'est devenue intime. Son enfermement, sa souffrance, sa peine pour tout ça... un moment je les ai ressentis. 

Femme qui se voulait libre. Femme de liberté. Femme à l'agonie. 


Ingrid_Betancourt.jpg


Femme libre !!!

Rédigé par Luciamel

Publié dans #métro - voyages

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