Détresses.

Publié le 9 Avril 2008


 





Un homme sur une chaise (ce ne sont plus des bancs, mais des chaises...) sur le quai du métro, Place Clichy. Le corps replié sur lui-même. De lui je ne vois que son dos, sa nuque, ses cheveux gris-blanc, ses vêtements défraîchis. Je comprends sa détresse, sa misère même, et je les refuse.

Ils sont des milliers, ils sont si nombreux... à supplier, à se plier. A se montrer dans cette nudité qu'est la pauvreté...

"Regardez-moi.
Ecoutez ma souffrance."

Et moi, je passe près d'eux, non pas indifférente, mais absente à tout ça.

Comment puis-je, décemment, croiser un autre être humain visiblement en pleine détresse, et faire comme si de rien n'était ?

Je n'écoute que ma propre détresse : mon boulot, mon salaire, mes histoires de coeur, la maladie de ma soeur (tiens, ça rime!).

Je me dis : "non, c'est pas à moi à le prendre en charge, c'est à la société... et, il a pas dû tout essayer..."

J'aime bien voir des documentaires sur l'origine de l'humanité... (L'Odyssée de l'espèce), parce que, là, tout semble clair et simple (c'est comme le niveau débutant d'une langue étrangère), je suis rassurée... : qui on est, pourquoi on est là...

Et, quand je nous retrouve des milliers d'années plus tard (10.000, c'est bien ça le titre du film qui nous conte cette aventure-là ?), ça me fait tout drôle, car ça ne cadre pas !

Lui, laissé pour compte, lui, sur le bas-côté... ça ne correspond pas aux commencements de l'humanité.

Bien sûr, il y a toujours eu des "faibles", des "sacrifiés", des
Néanderthaliens... qui après 120.000 ans d'existence, après s'être réfugiés (entre autre) dans l'actuel Portugal... ont été disséminés. Les Sapiens que nous sommes les ont détruits, comment ? ça semble mystérieux. Qui sait si nous ne sommes pas tous des juifs néenderthaliens ?..


 

 

Rédigé par Luciamel

Publié dans #métro - voyages

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T
Oui c'est vrai, dans la nature en général régne la loi du plus fort. Notre espèce se prend pour la courronne de la création. Depuis l'âge de pierre elle a beaucoup évoluer. A mon avis cela nous oblige à prendre la responsabilité aussi et surtout pour les faibles. Et si l'état ne privilégeait pas autant les riches cela serait possible sans que l'individue de la société se serait saigné aux quatre venes.....
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B
Ce coup là je suis d'accord; et je savais pour 68. Mais c'est vrai qu'ils vont finir par nous demander conseils à nous les babas cools néanderthaliens. Bisous
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L
@M1 : merci, toi aussi tu sembles être un descendant des juifs néenderthaliens... ils n'étaient pas si rustres, pas si attardés... qu'on a voulu le dire, mais Sapiens a tout dominé, aujourd'hui nous voyons le résultat... continuons à porter notre flamme, celle des "attardés"... des démeurés, des déclassés... des "qui ont pas compris" comment il fallait faire pour être au top du top... ils vont finir par se détruire eux-mêmes, par nous demander conseil...
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M
juifs néenderthaliens, ça sonne bien :)<br /> je sais que je ne changerais pas le monde, mais je donne quelques sous, un sourire, parfois quelques mots, je me dis au moins que ça permettra à ces gens de tenir et de se remettre en selle. Y a rien de pire que l'indifférence. Tu connais le film "Pay It Forward"? (Un monde Meilleur je crois en VF), je suis un naif qui y croit!
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L
@Grégory : je l'ai revu aujourd'hui cet homme, comme s'il m'avait suivi, il était cette fois à la station Rambuteau où je descends. La même posture, replié sur lui. Ce n'est pas le côté SDF qui m'avait touchée, un peu plus loin j'en ai croisé un autre qui m'a salué et fait un petit signe... je lui ai souri. Les SDF en soi ne me font pas pitié, tout cela suit parfois une certaine logique, cruelle, certes, mais logique. Celui dont je parle, quand je l'ai vu la première fois, et aujourd'hui encore, ce sont ces mots qui m'ont sauté au visage : "homme brisé", et c'est toute notre humaine condition que j'ai vue exposée sous mes yeux. Toutes les fois, où nous sommes brisés, pliés, où nous voudrions abandonner (pas besoin d'être SDF pour cela, mais lui, sur ce siège RATP, il la montrait a nu notre détresse).<br /> <br /> Juif néenderthalien, oui moi aussi ça me plaît beaucoup. <br /> <br /> Milla, oui, c'est si émouvant de la lire, elle qui porte le prénom de ma première soeur de coeur (j'avais 5 ans).<br /> <br /> @Béa, je me référais au slogan de mai 68 : "nous sommes tous des juifs allemands", crié par les étudiants qui protestaient au moment de l'expulsion de Daniel Cohn-Bendit... En associant juif et allemand, et Cohn-Bendit, on en démultipliait le sens, car des Français, en plus, l'ont scandé, pour défendre un Allemand. J'ai associé juif et néanderthalien, car, dès l'origine l'humanité a su exterminer... car ce peuple (juif) est notre ancêtre, à nous peuple chrétien, et que je ne renie pas ce passé. Pour "tous" j'ai hésité, mais comme je voulais renvoyer au fameux "nous sommes tous des juifs allemands"...
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C
Tu dis : "Qui sait si nous ne sommes pas tous des juifs néenderthaliens ?.." gnééééééééééééééé ?<br /> Je crois que c'est la phrase la plus drôle de la journée.<br /> <br /> Mais bon je me moque mais je ne dois pas oublié que tu as un coeur pur et que ton billet est sincère.<br /> J'ai malgré tout tendance à penser comme Clarence body coeur ;) <br /> <br /> T'as vu Milla, elle est gentille avec toi dis donc. Sympa cette Milla !un ange
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B
Pourquoi mettre les "juifs" à toutes les sauces, et pourquoi " tous ", non, je ne crois pas que nous souffrons "tous" autant que les SDF .
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B
Effectivement, voilà un sujet important, et qui a aussi l'intérêt de nous faire relativiser nos petits chagrins du train-train quotidien, - quand on voit ceux qui restent sur le quai.
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L
@Clarence : oui, tu es un pur Homo Sapiens !!! je me dis que, par moments, je suis trop néanderthalienne... ;-))
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C
Lucia, tu sais que je suis un connard, un dangereux égoïste, un monstre impossible, alors l'histoire de cet homme m'importe finalement peu. Tu sais que Arte vient de diffuser une remarquable série intitulée "Un monde de conquête". On y apprend (finalement, c'est pas trop tôt) que l'homme est un prédateur pour l'homme, et que ce monde n'est que prédation, où la technologie et l'agressivité apportent la prospérité et parfois la gloire, brisant les plus faibles, écartant les possibles concurrents, détruisant impitoyablement "l'autre". Et ce, depuis l'aube de l'humanité. Et moi, j'irai pas changer la trame.<br /> <br /> Clarence, un loup pour l'homme
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