Folies ordinaires
Publié le 17 Avril 2008
Ce matin, 8h30, le métro quotidien... il entre, se met à déblatérer seul, il est jeune, beau gosse, le voilà qui nous lance : "oui, je pourrais être un délinquant, méfiez-vous, je pourrais devenir dangereux... ils l'ont chopé, ils l'ont enfermé... moi, ils ne vont pas tarder, ils vont me mettre en prison". Etrange début de matinée, d'autant que la personne avait un air doux et mesuré... même sa façon de délirer restait douce et mesurée... étrangeté.
Aujourd'hui, j'avais prévu de montrer à mes étudiants ("étrangers à Paris") un extrait du film Camille Claudel... à cause de l'expo, du documentaire ce soir sur Arte... Me voilà en train de leur expliquer qu'elle avait perdu la raison suite à sa rupture avec Rodin, mais aussi du fait de son génie, de sa condition de femme artiste, de sa fragilité sans doute... bref, qu'elle avait été enfermée dans un asile pendant 30 ans.
A midi, entre profs on s'est mis à parler de tout et de rien... aussi de notre "homme de ménage" qui semble avoir un grain... il répond aux voix qui parlent en lui... il le fait quand il se croit seul, mais tout le monde l'entend...
Je ne dirai rien des situations "bizarres" dont on m'a parlé en cours... car elles concernent la vie privée de certains étudiants.
En rentrant ce soir, dans le métro encore, un homme finit sa bière avant de monter dans le wagon, il entre en titubant, il maugrée, tout le monde le regarde inquiet, il s'en va près d'un siège, dit qu'il tient à peine debout et voudrait qu'on lui cède une place... je ne sais ce qu'il en a été... Il se met à grogner, à chercher l'agression. Puis, j'entends le dialogue de cet homme et d'un autre homme (à la voix jeune) qui semble vouloir l'apaiser, essaie de le ramener à la raison... "oui, tu m'as bousculé, tu pourrais faire attention", "non, je crois qu'il n'a pas voulu vous insulter, ni vous manquer de respect, c'était juste par inattention, personne ne vous veut du mal, je vous assure", "ouais, mais quand même il aurait pu s'excuser", l'autre en question ne dit rien... "vous êtes sympa vous"... et les voilà en train de deviser de la pluie et du beau temps... "je vais à Montparnasse, je ne sais pas si je suis dans la bonne direction", "non, là vous devez changer"... "merci, vous êtes drôlement sympa"...
Il y a des jours... où quelque chose semble vouloir se manifester.
Mais voilà l'oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l'enfant le voit
l'enfant l'entend
l'enfant l'appelle :
Sauve-moi
joue avec moi
oiseau !
Alors l'oiseau descend
et joue avec l'enfant
(Jacques Prévert)
J'aurais voulu vous mettre la chanson... mais pas trouvée sur le net... alors voici seulement les paroles de Valérie Lagrange (1983).
Elle a pas besoin de parler, de juger
Elle en sait trop pour condamner, critiquer
Elle a pas besoin de journaux, de télé
Pour savoir c’qui est arrivé
Sur les trottoirs, l’éternité
Elle voit tout dans sa tête
Visionnaire et prophète
Elle est si près de la vérité
Qu’elle s’y est brûlée
La folie… La folie
Elle est comme un cheval sauvage
Rebelle, indompté
Qui refuse d’entrer dans la cage
Où tant d’autres sont enfermés
Elle porte gravée dans sa chair
A jamais imprimée
La marque indélébile de la liberté
La folie… La folie
Elle voit tout dans sa tête
Visionnaire et prophète
Elle est si près de la vérité
Qu’elle s’y est brûlée
Elle est là quelque part en toi
Quelque part en moi
Elle est l’enfant toujours vivant
Dans la nuit de notre inconscient
La folie… La folie
La folie… La folie
La folie… La folie
Voici un ajout de vendredi, 18h... après certains commentaires qui m'en ont donné l'idée... "Je ne suis pas folle vous savez" de Florence Foresti.