La misogynie n'a pas de visage (1)

Publié le 11 Juillet 2008



La misogynie est lovée dans nos cerveaux reptiliens, c'est elle qui a fait assassiner Benazir Butho, c'est elle qui a fait traiter Ingrid Betancourt de sainte nitouche allumée, c'est elle qui a fait perdre la meilleure candidate aux élections américaines (vous verrez...), c'est elle qui fait dénigrer Ségolène Royal, et la présente comme une bécassine, ou une parano (concernant les visites de son appartement). C'est elle qui toujours fera peser un doute sur les qualifications de Rachida Dati. C'est elle qui avait fait de Martine Aubry (avant qu'elle ne se fasse récupérer pour parachever le sale boulot qui consiste à démolir l'autre femme...) la mégère, la caractérielle ne pouvant décidément pas être présidente...

La misogynie c'est celle qui fait dire à une femme, en parlant d'une autre : "il ne suffit pas de porter de jolis tailleurs pour gagner"...

La misogynie c'est celle qui fait dire à une femme, en parlant à une autre : "tu es agressive, tu n'es pas assez douce avec les hommes, ils sont fragiles tu sais..."

La misogynie c'est celle qui fait dire à un homme : "je veux te voir une fois, je ne sais si je voudrai revenir, je me connais je risque de disparaître dans la nature, de t'ignorer après."

La misogynie c'est celle qui fait dire à un homme : "je, je, je... ma vie... tout pour mon travail... ma réussite... mon plaisir... mes vacances... ma maison... ma voiture".

Alors, pour ne pas paraître partiale je vais laisser la parole à un homme...

"Les femmes qui affrontent les hommes de face, assurait la mère de Sheila, ne vont nulle part; ou, plus exactement, elles perdent coeur et foyer. Les femmes qui traitent les hommes comme de rampantes créatures des ténèbres qu'il faut soumettre par la ruse, dirigent le monde.
Traite les hommes comme des serpents. Leur mythe dépasse de loin leur réalité.
(...) Aucun homme, jamais, n'est l'égal d'une femme forte.
Il a fallu la mort d'Indira Gandhi pour que les hommes forts de l'Inde retrouvent leurs couilles.
L'histoire regorge d'exemples similaires. Chaque famille. Regardez autour de vous."
Tarun J. Tejpal, Loin de Chandigarh.


Oui, il vous faut une "femme de fer" pour vous plier... pour que vous acceptiez qu'elle assume les responsabilités... sinon vous la "tuez" la femme... ou lui demandez d'être douce... d'être compréhensive... d'écrire des choses gentilles sur son blog... et surtout de ne pas trop agresser les garçons (ça donnerait une mauvaise image des femmes).

Alors... serait-ce que je n'aime pas les hommes ?

Que je ne pense qu'à les agresser ?

Je n'ai pas besoin d'aimer "les" hommes (ou "les" femmes). J'ai besoin de comprendre le monde dans lequel je vis. J'ai besoin de savoir qui je suis, ce qui me limite, ce qui me conditionne, ce qui me donne des clés pour exister.

Quelqu'un qui me dit : "Le porte-bonheur n'est pas dans le trèfle à quatre feuilles, mais dans le désir de le trouver", ou : "On est allés en boîte rue Oberkampf. Mes copines se sont fait brancher par des mecs venant mater des "étrangères". Un gars m'a pris la tête parce qu'il n'avait trouvé aucune fille à draguer. Je me suis retrouvé avec un groupe de filles moches. Ce qui m'a consolé c'est qu'en fin de nuit je n'ai pas été le seul à rentrer sans baiser." Ca vaut tous les discours; ces deux étudiants (un homme, une femme) m'ont plus transmis, m'ont plus attendrie... avec leurs mots "étrangers" que Pangloss et toutes ses philosophies sur un monde parfait (cultivons notre jardin mon cher Candide).

La stupidité n'a pas de sexe, la méchanceté non plus, la misogynie non plus...

C'est contre une certaine bêtise qu'il faut se battre... (la nôtre avant tout, ça va de soi).

Deux femmes en avant première : Mariza et Concha Buika dans Terra


Rédigé par Luciamel

Publié dans #arts - livres - films -spectacles

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L
@Yaëlle : moi non plus je ne me sens pas à l'abri de la bêtise, ni de l'intolérance... alors... j'essaie... de cultiver mon jardin... en dialoguant avec les humains (le prince est en nous... nous sommes le prince, comme eux sont la princesse). ;-)
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Y
Heureusement que tu parles de lutter contre la bêtise à la fin, car c'est bien de cela qu'il s'agit en effet et la misogynie n'en est qu'une expression parmi d'autres. C'est la notion de pouvoir qui génère des attitudes extrêmes entre les humains...loin, bien loin  de toute sagesse et de toute volonté de comprendre l'autre et de l'accepter tel qu'il est. Et je crois aussi qu'il est très difficile d'y échapper...enfin je ne me sens pas à l'abri...
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