La joie aux milles visages (2)
Publié le 12 Juillet 2008
Après avoir parcouru le monde (et être passé au Portugal - tremblement de terre de 1755 oblige - où il a retrouvé sa chère Cunégonde), Candide en arrive, après moult pérégrinations, à la conclusion que tout n'est pas au mieux dans le meilleur des mondes ainsi que le lui avait enseigné son maître Pangloss (toute cause a son effet et inversement; tout peut s'expliquer et a donc sa raison d'être). A Pangloss, l'indécrottable optimiste, Candide rétorque : "Cela est bien dit, mais il faut cultiver notre jardin". Ainsi se clôt ce conte philosophique, lu au lycée, redécouvert hier soir, parcouru ce matin (quelle merveille d'écriture, quelle fraîcheur, à relire absolument).
Ne nous obstinons pas à dénoncer le "mal" (le malheur, la misère humaine) que nous voyons de par le monde, prenons notre courage à deux mains et transformons ce que nous pouvons, ici, dans notre petit jardin.
Observons autour de nous et sans tomber dans l'optimisme béat d'un Pangloss (c'est-à-dire Rousseau) dénoncé par Voltaire, comme lui notons que "si tout n'est pas bien, tout est passable".
Eloignons-nous du spiritualisme pascalien, à qui le philosophe des lumières reproche de "nous faire horreur de notre être. Notre existence n'est point si malheureuse qu'on veut nous le faire accroire. Regarder l'univers comme un cachot, et tous les hommes comme des criminels qu'on va exécuter, est l'idée d'un fanatique. Croire que le monde est un lieu de délices où l'on ne doit avoir que du plaisir, c'est la rêverie d'un sybarite" (Lettres philosophiques, Lettre XXV, Remarques sur les Pensées de Pascal)
Hier, deux charmantes étudiantes argentines m'ont offert une magnifique orchidée, j'ai d'abord été ravie, puis me suis sentie comme en dette à leur égard, je devais leur montrer ma joie, être plus gentille avec elles... et puis ça pouvait créer des jalousies, ai-je regretté (intérieurement)... Aujourd'hui, il ne me reste que cette splendide fleur qui éclaire si tendrement mon jardin. Nous sommes changeants, comme le temps, un jour gris, un jour blanc (c'est la couleur de l'orchidée).
La joie a mille visages, la tendresse en est un.
Cultiver son jardin consiste à semer des graines de tendresse; quand nous en voyons en fleur, empressons-nous d'en recueillir un pétale, une semence, pour la replanter en nous.
Les nouveaux papas, comme celui croisé un samedi affairé dans un grand magasin, son désarroi, son amour pour le petit être braillant sous son bras... m'attendrissent.
Dominique de Villepin ne cachant pas son émotion et son profond... "y a pas de mots, y a pas de mots"... ça me touche au plus haut point.
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Il se pourrait que ce matin encore je me sois réveillée avec le cerveau plein d'endorphines... quelle qu'en soit la raison, mon cher Pangloss, comme ça fait du bien.