Pourquoi les voix graves apaisent
Publié le 31 Juillet 2008
Il est des petits riens de la vie, qui vous éclairent tant et bien plus que d'épais ouvrages de philosophie, c'est toujours ce cher Candide qui a raison... face à Pangloss.
Tout à l'heure, je me dirigeais d'un pas tranquille vers le cabinet de mon ophtalmo (je suis myope), Palais Royal et ses jardins, traversés d'un pas léger, lunettes de soleil sur le nez, à observer comment leurs ipomées fleurissaient exactement en même temps que les miennes; où, j'eus aussi le loisir de remarquer cette nouvelle tendance à faire pousser des soleils (tournesols, entre autre). Lorsque, croisant par la rue du Bouloi, pour arriver rue Coquillère, je fus happée par une sensation m'ouvrant sur une autre dimension (ici, c'est le "petit rien" qui compte, pas le fabuleux). Deux hommes venant dans ma direction, se parlant, je les croise, j'entends la voix de l'un d'eux, grave, posée. Et soudain, cette évidence : la voix grave des hommes est rassurante. Pourquoi ? Il semblerait que le tout petit bébé, dans le ventre de sa maman puisse être tranquillisé par cette voix venue d'au-delà. Ce sont ces choeurs d'hommes, qui vous transportent, ou plutôt, qui vous posent, vous reposent... Cette voix croisée... juste là, pour m'apaiser.
Ensuite, je m'occupai du renouvellement de mon passeport, car j'ai un voyage à New York à rêver... Préfecture de police, square de la Tour St Jacques, comme elle est belle, cette dame, tout juste dégagée de l'écrin qui durant plusieurs années l'avait enserrée, à son pied des massifs d'arbustes, des promeneurs en pause de promenade, allongés, sur l'herbe, à l'ombre des petits arbres; et de nouveau la tour peut nous indiquer le chemin.
Vite, vite, rentrer, pour m'allonger moi aussi, et faire une petite sieste bien méritée.
Fin, d'après-midi dans ma rue, après le repos réparateur, des cris de joie, comme ceux d'une fête d'enfants, qui n'en finissent pas de s'amuser. Au bout d'un moment, je jette un oeil (myope, mais désormais muni de lentille) pour voir ce qui occasionnait une telle allégresse. A leur fenêtre mes voisins, aussi, se penchaient, sourire aux lèvres; ils appréciaient, comme moi, le spectacle de ces jeunes qui, tels des gamins, avaient improvisé une bataille de pistolets à eau, et autres bombes lancées du premier étage de leur agence de publicité. Puis, au bout de deux heures... le calme est revenu, la pluie tant souhaitée aussi, et ils ont continué leur glorification du bonheur, avec de la musique, cette fois entre les murs de leur agence, fenêtres ouvertes, pour que nous en profitions quand même un peu. Entre temps j'avais arrosé mes ipomées.
Les petits riens, de mon jeudi de nouvelle lune. Après la lucidité... la douce torpeur, l'endormissement, et la douceur de la vie qui m'(é)veille.