Le bel amant (6)

Publié le 6 Août 2008


                                                               Cosmos jaunes



Je retrouvai Judith, au pied de la tour. Ce que Nina venait de me révéler, qu'elle était une sorte de mi-ange, mi-humain désincarné; tout un ensemble de choses me rappelant certaines théories sur la réincarnation, la théosophie, et ce que j'avais lu d'Alice A. Bailey, l'enseignement transmis par le Tibétain... Bref, de l'ésotérisme en barre, Judith allait encore... non, je ne devais pas lui en parler.

- Tu as l'air d'être à côté de tes pompes, me lança-t-elle en préambule.
- Euh, tu trouves ? non, tout va bien. Peut-être ce souci concernant nos dates de vacances...
- Arrête ! tu m'avais promis que tu serais OK pour tout le mois d'août... j'ai donc posé des vacances avec Fabrice pour Août, tu vas pas tout gâcher, juste parce que tu voudrais me faire suer !
- Judith, je n'ai jamais dit "tout" le mois d'août. C'est pas parce que moi je n'ai pas de "petite amie", et de "vacances en amoureux" que je n'ai pas le droit d'avoir, moi aussi, des empêchements, ou des... désirs.
- Attends, pourquoi ça te gêne de prolonger jusqu'à fin août ?
- Parce que je voudrais avoir une semaine à moi, avec moi en tête à tête, quelque part que je n'ai pas encore défini, fin août... et pas début septembre, car je dois être à mon bureau le 2 septembre : réunion au sommet oblige !
- Bon, on en parle pendant le déjeuner.
- Ok.

Là-haut ça ne s'arrangea guère, on palabra, jusqu'à ce que j'obtienne la deuxième semaine de septembre, ben non, je n'avais pas de réservation en Toscane, moi... ben, oui, je pouvais m'arranger avec moi-même pour les annulations... oui, elle avait passé tout le mois de juillet avec les enfants chez son père à elle, l'écrivain célèbre (pas le raté comme moi).

Au dessert, tout à coup, Nani surgit, dans mon esprit d'abord et pour de vrai ensuite. Elle s'approcha de notre table, se pencha vers moi tout en regardant Judith :

- Bruno, euh... bonjour ?
- Judith Skinner, mon ex-femme, Na.. Helena Cristiani, notre directrice de la communication.
- Bruno, pardon de venir vous interrompre pendant votre déjeuner, mais vous partez en vacances la semaine prochaine... j'aimerais, si vous le pouviez, que vous reveniez préparer la campagne de rentrée, la dernière semaine d'août. Pourquoi ne partiriez-vous pas en septembre, c'est une très belle saison... à New York, par exemple, c'est merveilleux l'été indien.
- Oui... c'est une bonne idée, septembre, bégayai-je.
- Je vous laisse, on se confirme tout ça par mail demain. Au revoir Judith, pardon de vous avoir dérangés.
- Oh, ce n'est rien, exulta-t-elle, au revoir...
- Nani !
- Au revoir Nani.

Je réalisai au moment du café, que tout cela était orchestré, mes pensées même, sans doute... Je le compris au sourire de Judith, des années que je ne l'avais vue aussi attentionnée avec moi... "Es-tu sûr que 18h, ce soir, ça ira pour récupérer les enfants ? bon, 3 semaines... à Aigues Mortes, c'est super, non ? Ecoute, je suis si contente de pouvoir te laisser les enfants fin août aussi, bon, tu les auras chez toi... à Paris, mais ça ira, ils seront au Centre de Loisirs."  

Des années que nous n'avions pu finir une discussion sans repartir chacun de notre côté, humiliés, et le sentiment de s'être fait blouser... Là, rien de tel. Elle était contente. J'étais serein. Pas de quoi fouetter un chat. Ca ne promettait rien de bon... Le ciel risquait de nous tomber sur la tête.

(à suivre)

Rédigé par Luciamel

Publié dans #Le bel amant

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Y
De retour sur terre et sur ton blog..je commence par les épisodes en retard de "ma" nouvelle estivale! Quel talent tu as pour attiser la curiosité Lucia...et pour faire voler l'imagination!
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L
@Tini : c'est super !!!! oh, ça me fait rêver... moi, avec mon petit blog de rien du tout... mais moi j'ai la chance d'avoir des Mila (on est tous la "Mila" de quelqu'un) qui viennent me lire, et ça, ça me fait très plaisir :-)))))
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T
Pardon, quelque fautes n'y sont pas faute de mon clavier americain......
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T
Je vien de renter après avoir fait des courses et j'ai trouvé dans ma boite aux lettres un couvert avec quelques cartes annoncant un livre. Mes amies ecrivent! Evelyne, ma Mila à moi a publié son premier Livre. Je suis fière de vous, très, très fière!!!!!!:))))))))
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L
@Tini : oui "pas de quoi fouetter un chat", expression imagée... qui signifie d'après Le petit Robert : "la faute, l'affaire est insignifiante; ne mérite pas punition". Merci, pour le compliment, oui ça me plaît bien l'idée d'écrire un polar. Y aura-t-il des morts ? ben, pour que des montagnes surgissent en plein Paris... et qu'une glaciation survienne... Le "chtong"... je partage ta curiosité, sont-ce les tongues suisses ? les CHtongues... Ou bien est-ce un mot chinois pour l'inauguration des JO, comme "bon jeux !" ou "bonne chance" ? le mystère du Chtong ne fait que commencer. :-)))
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T
CHTONG est-ce une expression sortie d'un BD? Là ou quelqu'un recoit un knock out??? Moi en fait je le suis.....
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T
Ouff; pas de quoi fouetter un chat????? A propos si c´était un romain policier tu saurais laisser tes lecteurs parfaitement dans l´obscurité.............
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L
@May : Chtong !
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M
CHTONG ?
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