Le monde de l'autre reste à découvrir

Publié le 15 Septembre 2008

Certains font le tour du monde (Magellan, il était portugais bien qu'au service des Espagnols, mais après tout quelle importance ?), d'autres rejoignent l'Amérique (Christophe Colon, qui, suivant la thèse reprise par Oliveira dans son dernier film, pourrait être portugais, mais quelle importance ?), d'autres encore vont aux Indes (Vasco de Gama, il était... mais quelle importance ?), ou au Japon, en Chine... mais quelle importance ?

Nous (pas les Portugais !) sommes allés sur la lune... mais...

Le monde reste à découvrir. Celui de l'autre, lui et son univers si différent du nôtre. Notre voisin de palier par exemple.




C'est Clarence en expédition chez Lolo, rat des villes et rat des champs, mais surtout, l'histoire de deux mecs qui se sont rencontrés pour de vrai. Quelle aventure !

Je viens de rentrer de ma séance de cinéma, Christophe Colomb, l'énigme, on a un peu discuté après avec A. ("luso descendant" comme moi, et je sais qu'il n'aime pas cette "appellation d'origine contrôlée"...) : on s'est demandé si on devait le prendre au premier degré ce cher Oliveira. Bon, tout dans le film semble nous indiquer une sorte de jeu, de théâtralisation exagérée qui nous paraissait comme un clin d'oeil, un jeu de miroirs (tous les plans sont des tableaux, des mise-en-scènes étudiées, des cadres, des poses de nous face à notre passé - ça c'est surtout la perception d'A., la mienne restant dans l'entre-deux, Oliveira ne se prend pas au sérieux, mais il y croit quand même). J'ai aimé la coïncidence de cette arrivée à New York des immigrants après la seconde guerre, de l'apologie de la Liberté, à l'accueil de tous les proscrits, les bannis (aujourd'hui... faut quand même montrer patte blanche pour y entrer aux States, t'as intérêt à pas être contaminé ni par le Sida, ni par le communisme (ah bon, ça n'existe plus ?), ni par...).

Coïncidence avec ma prochaine découverte de l'Amérique ! Moi, qui, depuis de longues années en rêve, ai habité dans un immeuble aux briques rouges (de Greenwich village peut-être), ai parcouru les rues de cette ville à la recherche de la statue de la Liberté (ben oui, elle est sur une île, pas étonnant que dans mon rêve ce fût difficile d'y arriver...), y ai pris le métro, le train qui menait à la banlieue, qui ai rêvé que ce n'était pas un rêve et que j'y étais vraiment arrivée... et voici un an (mon dernier rêve de New York) me suis vue au bord de l'Océan, à contempler cette eau dont l'aspect vivant me fascinait, me disant que ses molécules étaient celles qui baignaient la terre qui m'avait vue naître (à la même latitude exactement) juste de l'autre côté. Souvent je l'ai vu se coucher le soleil sur mon horizon portugais, près d'Aveiro, en me disant que là-bas juste au bout de mon regard, c'était New York.

Ce matin, un étudiant génois me confirmait que plus personne dans sa ville ne croyait que Colomb en était originaire. Le monde est petit me suis-je dit... (je savais que j'allais voir le film).

Ce soir, moi installée derrière mon écran interplanétaire, qui m'ouvre sur le web, sur le world, sur... la nouvelle dimension, l'ultra-communication, j'entends toquer à ma porte.

Depuis quelque temps sur ma porte de drôles de choses apparaissaient... D'abord une pochette en plastique skotchée avec des biscuits dedans... (la même pochette sur toutes les portes de la cage d'escalier, une pub, ai-je pensé). Puis un mot sur un post-it, "si vous voulez, j'ai de la tarte, c'est juste à côté", le même mot sur la porte face à la mienne...

Je me dis, l'ayant entendue avant d'aller au cinéma, que c'était ma voisine portugaise (oui, Paris est la deuxième capitale du Portugal) qui voulait me saluer... Euh, je me recoiffe ? non, pas la peine, j'ouvre direct, petit haut super décolleté (je suis décontractée à la maison) sur pantalon relax, genre caleçon long.

En face, un petit jeune homme tout timide.

- Bonsoir, je suis votre voisin.
- Ah, c'est vous qui m'avez laissé un mot l'autre jour ?
- Oui, je parle pas beaucoup français...
- Ah, c'est drôle moi je suis prof de français pour étrangers. (je souris ayant le sentiment d'avoir dit quelque chose de TRES amusant).

(sourire du jeune homme un peu "ben, tant mieux, mais là j'essaie juste de communiquer et de te transmettre un message simple, pas besoin d'épiloguer...").

- Voilà, je suis étudiant au Cordon bleu.
 
(il me tend un sac plastique, comme celui que j'avais jeté croyant que c'était une m...* industrielle, avec une part de gâteau, fait par ses petites mains...)

- C'est vous qui aviez laissé le sac sur la porte avec les petits gâteaux ?
- Oui, j'ai toujours beaucoup de choses à manger, alors n'hésitez pas à venir frapper à ma porte, je pourrai vous en donner (j'ai transcrit son "français").
- Oh, merci beaucoup ! (soudain, une intuition !). Mais vous venez de quel pays ?
- Je suis américain.
- Oh, comme c'est amusant ! je pars justement samedi pour New York... mais vous êtes là pour longtemps ?
- Ah, mes cousins habitent New York. (même sourire : "euh, tu vas pas me raconter ta vie, non plus, je suis juste venu pour établir le contact, et c'est comme ça qu'on fait dans mon pays quand on arrive dans un immeuble on se fait connaître de ses voisins").
- Ah, c'est amusant... merci beaucoup en tout cas pour le gâteau. Bonsoir.
- Bonsoir.

Les différences culturelles. Aller vers le nouveau monde, celui qui est juste sur votre palier. Découvrir l'autre, cet univers si différent, lui parler (essayer tout du moins). Ben, nous Portugais... euh, mais quelle importance ?

Il s'appelle Steve, moi c'est ... lui ai-je répondu.



Christophe Colomb, l'énigme - Manoel de Oliveira


Rédigé par Luciamel

Publié dans #arts - livres - films -spectacles

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L
@Yaëlle : je vais essayer de rester cool avant le départ (je déteste les départs !), en tout cas, sur place je vais ouvrir grand mes mirettes et promener mes gambettes sur Manhattan...
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Y
pfff....les GOLDEN boys...sorry pour la faute!! See you soon!
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Y
Mais tu as déjà la "Americans'touch" dis-moi...cumul de jobs, crédit de leçons...sourire! En tout cas, je te souhaite sincèrement un très bon séjour là-bas ( et évite de te laisser appitoyer par les gloden boys qui pleurnichent devant les portes des banques pavées de marbre!)...et attend ton retour pour voyager à travers toi. Bon voyage!
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L
@Yaëlle : Oui, il faudra que je lui dise qu'à partir d'Octobre je vais donner un cours de FLE de plus au centre culturel de notre rue (j'en suis à trois boulots maintenant, un à plein temps, un à la fac : chargée de cours, un cours de portugais, et un cours de français pour étrangers juste en bas de chez moi, ah, ça fait 4 boulots ?). Qu'en plus c'est gratuit pour les élèves (moi je serai payée mais une misère pour deux heures...). Comment je finance mon voyage à New York ? là-bas je suis hébergée, mais pour le billet et la vie là-bas 6 jours, je me suis fait avancer l'argent par deux élèves qui m'ont payée dix cours d'avance, et par ma maman qui m'aide en m'envoyant 200 euros... C'est pas beau la vie de formatrice Bac + 5 ? J'arrête de me plaindre. Bientôt l'Amérique ! (euh... il paraît qu'ils ont des soucis là-bas avec leurs banques).
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Y
Mais à quoi bon partir désormais...puisque l'Amérique vient à toi?...sourire...Je trouve fantastique que ce garçon aux besoins linguistiques évidents viennent frapper chez toi, qui peut être à la fois son prof, son guide et son amie . J'adore les pirouettes de la vie...
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