Au creux de soi
Publié le 24 Octobre 2008
Quoi d'autre ? que le creux ?
Le plein, me direz-vous...
Vous parlerez du masculin, du féminin, du maternel... le rempli de diverses façons.
Alors qu'en est-il de ceux qui ne voient que vide, qui s'intéressent non à la maternité, à la paternité... mais à l'absence du "face à soi"... à l'interrogation primordiale (l'est-elle ?) : pourquoi suis-je là ? que sont-ils devenus ceux-là, avec la religion de la procréation (aimons nos enfants, et que nos enfants nous aiment, se complaisant dans un narcissisme "incestueux" de bon aloi, préservé de l'infâme terme de "pédophilie"...) ? Vous parents, aujourd'hui, tranquilles pédophiles... pouvez-vous vous abstraire de la triste relation à l'autre...
Ceux-là seront proscrits, en terre de France où la procréation est la panacée, où cette valeur est une référence... ne soyez pas sans enfant... ou, vous serez stigmatisé.
J'irai plutôt en Italie, au Portugal, ou au Japon... où avoir un enfant est quelque chose de l'ordre de l'exploit, comme un dévouement... un sacrifice. On vous regarde comme un héros : wouah... ils ont eu le courage d'affronter tout ça ! Ils seront les responsables de la névrose de cet être venu au monde, et ils ont quand même voulu tenter le coup : bravo !
En France, c'est devenu une religion... un dogme : procréez ! surtout, soyez parent, sinon on vous regarde comme le handicapé, de coeur, de famille (car on ne voit pas le bien que vous auriez pu faire à la société en ne reproduisant pas un processus débilitant, voire névrotique...)
Délivrons-nous de nos parents ! en ne les reproduisant pas dans nos enfants.
Je me vis en creux... dans l'absence de ces anges... qui ne vinrent pas et que (humaine je suis !) je désirai au plus profond de moi. Ils se nomment, je les ai nommés, Lucie et Jonaz. Ils ne sont pas nés. Et pourtant ils s'incarnent dans une réalité qui exige plus de moi. Ils ne sont pas MES enfants, ils ne sont pas INCARNES, et pourtant ils SONT... Cette relation m'interroge au-delà de la filiation.
Ils vivent hors de l'incarné.
Je vis hors et près d'eux aussi.
On l'appelle le domaine des anges, je le verrais comme le lieu de transition entre ici et l'au-delà... c'est précisément à cet endroit où par moments je me tiens.
Pourtant, suis-je vraiment dans l'innaccompli ? ou, suis-je dans l'accompli autrement ? (j'ai raté ma vie en n'ayant pas d'enfant, ou je me suis réalisée autrement...) vous me direz, complaisamment, la seconde option, tout en pensant la première...
Quoi qu'il en soit : soyons... ce que nous sommes, parent, tata, fils, fille, frère, soeur, père, mère, grand-père, grand-mère, cousin, cousine... ami, amie... camarade, nous sommes tous quelque chose et QUELQU'UN pour quelqu'un.
Zeca Afonso - redondo vocàbulo