Blogs bourgeois, blogs prolos...
Publié le 1 Décembre 2008
"PIERRE BOURDIEU. – Le discours quel qu’il soit, est le produit de la rencontre entre un habitus linguistique, c’est-à-dire une compétence inséparablement technique et sociale (à la fois la capacité de parler et la capacité de parler d’une certaine manière, socialement marquée) et d’un marché, c’est-à-dire le système de « règles » de formation des prix qui vont contribuer à orienter par avance la production linguistique. Cela vaut pour le bavardage avec des amis, pour le discours soutenu des occasions officielles, ou pour l’écriture philosophique comme j’ai essayé de le montrer à propos de Heidegger. Or, tous ces rapports de communication sont aussi des rapports de pouvoir et il y a toujours eu, sur le marché linguistique, des monopoles, qu’il s’agisse de langues secrètes en passant par les langues savantes." (in Libération, 19 octobre 1982) - ajouté le mercredi 3 décembre pour illustrer le propos : lien
Ajout du jeudi 4 décembre : Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de cet article d'Olympe, publié dans Rue89, "Le plafond de verre s'appliquerait-il à la blogosphère ?" lien
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Où vous situez- vous ? Bourgeois ou prolos ? mais... ça n'existe plus ces distinctions ! vous efforcez-vous d'essayer de vous convaincre : grand bien vous fasse.
En ce qui me concerne, je l'expérimente quotidiennement (en France, avec les Français, car, je dois le dire, avec les étrangers c'est un peu différent) la distinction sociale (merci Bourdieu) a toujours droit de cité.
Mais, vous en êtes convaincus, le Net est le lieu de la démocratie, de l'égalité... plus de milieu social qui tienne, tous se valent, tous sont égaux devant le Dieu des blogs.
Que nenni... Oyez, oyez... ce que d'expérience je voudrais vous conter.
Hier, rencontre... pas de classe sociale entre nous, quatre personnes : deux plutôt "popu" (ma copine et moi), deux qui sont nés là où il fallait et un à qui on laisse le bénéfice du doute (ou, soyons honnête, qu'on apprécie pour ses qualités à savoir transcender tout ceci).
Malgré tout... le "je suis très heureux chère Madame d'avoir fait votre connaissance" ça te plaque au sol... ça te dit : "attends, tu m'as regardé ? on n'est pas du même milieu... si je suis aussi condescendant c'est pour te le faire remarquer..."
Je me suis demandé si les blogs on pouvait aussi les "classer" socialement parlant. Est-ce qu'un bourgeois sait exactement à qui il a affaire ? of course mon cher Watson ! lisez leurs blogs... ils ne sont construits (plus qu'écrits) que sur la "distinction" : je te reconnais, tu me reconnais, nous appartenons au même milieu... celui de la flatterie, tu choisis tes mots de façon adéquate (c'est-à-dire compliquée, comme un "prolo" ne pourrait faire), tu as déjà publié, peut-être, ou ne saurait tarder à le faire... eux ne sont que des ploucs du Net... ah ah ah... cons gratulons- nous. Donc, polissons (ou poliçons) bien nos mots, de sorte à ce qu'ils ne puissent nous suivre.
La nature est humaine (comme l'erreur !) et donc il faut nous pardonner... d'être amers, revanchards, et conservateurs par intérêt...
Ma liberté... je remercie le ciel de l'avoir mise en présent dans mon berceau... je la paie tous les jours, je la défends à corps et à cris.
Je sais qu'ils se bercent de douces illusions, ils pensent que leur naissance... leur réseau, leurs connaissances vont faire d'eux des Da Vinci, des Leonardo... Nous les voyons comme nous... dépérir, se flétrir... devenir de vieux machins... déprimés, pas plus que nous (les "pauvres") ils ne s'illuminent...
Mais tu ne nais pas Pessoa (personne) tu le deviens... tu te crois quelqu'un et tu n'es que le produit de ton milieu, de ton époque... tu n'es personne, finalement... A aucun moment, moi la prolo, je ne t'envierai... et pourtant je te reconnais comme mon frère, ma soeur, en solitude, en recherche de lumière. Je t'accueille dans ma pauvreté.
Bon, vous l'avez compris... vous n'êtes pas ici sur "un blog de fille"... je ne vous écris pas de jolis textes vous donnant envie, vous les garçons, de vous exprimer... ô comme c'est joli ce qu'elle dit (votre anima...), on va lui dire qu'on l'aiiiiiime, et tels des mites mâles vous vous collez au bog féromone femelle...
Alors ici, ça les effraie les garçons... ils n'osent pas me laisser de commentaire... les filles, elles se disent que je suis trop "agressive", pas assez "féminine"... heureusement ,Simone de Beauvoir est morte... elle ne voit pas la régression... toutes ces filles qui font les... (euh... je ne trouve pas de mot) pour se faire aimer... AIMMMER, le maître-mot de l'humain.
Je leur réponds : LIBERTE.
Hôtel du Nord - image linternaute.com
"Est-ce que ça te plaît d'éclairer l'univers ?" chante-t-il... "personne ne voit que ton ventre est le domicile d'un jeune soleil..." "ton rire, tes yeux"... "les soleils pleurent des larmes de plaisir"... "les soleils nous éclaboussent du sang de pamplemousse"...