Petites histoires d'inculture

Publié le 1 Janvier 2009

Honorée suis-je, d'avoir été taguée par d'illustres blogueurs au style et à l'humour qu'il me sera difficile d'égaler. Dans cette chaîne de l'inculture, je citerai parmi mes prédécesseurs ceux par moi lus régulièrement  : Mtislav, Balmeyer (1 et 2), Marie-Georges (il s'agit de l'ordre chronologique de ma lecture du dit-billet sur l'inculture).

Vous permettrez que je ne suive pas strictement la consigne des rubriques (cinéma, livres, géographie, mathématiques, cuisine et boissons), mais qu'au fil de mes "contes, légendes et petites histoires", je les égraine au milieu du texte.
photo (c) Luciamel : illustre informateur croisé au détour d'un chemin, le 22 décembre




Commençons par les boissons, sachez donc qu'avant de boire, ou même de vendanger, il faut d'abord tailler, et que ç'en est la saison. Or, en la matière, pour bien permettre au raisin de pousser, il ne s'agit pas de couper n'importe où, n'importe comment : il faut lier le cep, l'attacher d'une certaine façon, dont, je l'avoue, je ne maîtrise ni l'art, ni la chanson.

 

Et ce ne fut pas la seule leçon que Maître Glicèrio eut à m'enseigner ce jour-là. Lui, dont on aime à citer le proverbial :

"Glicèrio, du blanc ou du rouge ?
- Un verre plein !"



Avant, la tradition était de tuer le cochon autour de Noël, c'était l'occasion d'une grande fête : on fixait les dates entre voisins, et successivement on se retrouvait chez les uns et chez les autres pour aider au dépeçage de l'animal. On y passait la journée, on était nourris de tête de cochon bouillie avec des choux (cuisine). De tout cela je ne savais rien, voilà bien l'ignorance dans laquelle nous vivons : celle de la vie de nos grands-parents.



Pour la taille de la vigne, dans les petites exploitations, la coutume a toutefois perduré : aujourd'hui chez moi, demain chez toi. Le repas est offert, ainsi que le vin, pour aider à la tâche. A table : soupe de pois chiches et viande de porc, Glicério me demande si je sais comment a été calculée la durée de l'année ? Je tarde à lui avouer mon inculture car je veux, avec mon cousin, faire preuve d'instruction.

Lui, mon cousin, dit que c'est du temps de l'Empereur romain (dont nous avons oublié le nom : Grégoire, Julien ?) qu'on a fixé le calendrier actuel, avec ses mois, et sa correction tous les 4 ans. J'ajoute que tout dépend du type de calcul utilisé, pour les Chinois ce sont les mois lunaires, et non solaires, qui servent de base. (Je vous laisse vérifier sur Wikipédia l'ampleur de nos
approximations , ici aussi). (mathématiques)

La conversation, après que j'ai eu avoué à Glicério que je n'avais pas mon permis de conduire, et, pour bien montrer que cela ne me semblait en rien une limitation, avait dévié sur ce Français parti du centre de la France pour rejoindre Pékin à pied, lors des derniers J.O. En environ un an... leur avais-je indiqué (voyez ici et ici.)

On se mit (les deux "instruits" de la tablée) à deviser sur la possibilité de faire le tour du monde à pied... en passant par l'Alaska, pérorions-nous, tout en reconnaissant qu'on tomberait sur un os face au Pacifique. (géographie)


A ce moment-là, ma tante, se tournant vers moi, indiqua sur un ton mi-figue, mi-raisin :

 

"Tu vois, vous en avez de la culture, car, moi, tout ça j'ai du mal à le suivre...

- Ah, lui rétorqué-je, ça me rappelle ce que m'a dit o Sr. M... [le voisin qui tient le café-épicerie]

- Mais lui c'est un poète, précisa mon cousin. [dépuis des années, il écrit et récite dans son café, à qui veut bien l'entendre, des poèmes rimés, qu'il a fait taper à la machine et réunis en petits cahiers]

- Justement, justement ! On parlait aussi, quelle coïncidence ! du permis de conduire et des conducteurs. Il me faisait la remarque que s'étant rendu à Coimbra récemment [la plus grande ville de l'agglomération, surtout connue pour son université, parmi les plus anciennes d'Europe] il avait été fort étonné de constater que ces gens de la ville [étudiants, universitaires, intellectuels, peut-être...] pouvaient avoir plus de culture, ils paraissaient pourtant moins civilisés. Ca m'a semblé lumineux !
- Tout dépend des concepts, de ce qu'on met sous les termes "culture" et "civilisation", releva mon cousin.
- Mais je crois que tout est dit dans sa formule, d'où sa force, voulus-je renchérir."




Glicério renouvela sa question :

 

 "Alors, savez-vous comment la durée de l'année a été calculée ?

- Non, Sr. Glicério. Je l'ignore, reconnus-je enfin.

- Les anciens disaient que l'année avait été calculée, suivant le temps mis par un rocher, après qu'on l'eut monté tout là-haut (au plus haut dans le ciel), pour retomber sur la Terre. Le plus mystérieux étant de comprendre comment cela avait pris exactement le même temps à le monter qu'à ce qu'il retombe.

 

 






Vous aurez noté que le cinéma et les livres sont absents de ma petite histoire... Patience, c'est pour ce soir, ou demain, avec Harry Potter et Sissi.


Photos prises par (c) Luciamel, les 20, 21 et 22 décembre au Portugal.

Rédigé par Luciamel

Publié dans #blogs et blogueurs

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L
@Balmeyer : c'est bien ça ce qui m'épate, la poésie "naturelle" de cet homme, comme celle, plus élaborée car écrite, et bien écrite, je peux en témoigner, de l'épicier (il a 77 ans cette année, il a l'air d'un jeune homme, et affiche sur le mur de son café un poème, où il loue sa compagne, avec qui dit-il, il lui arrive encore de "s'amuser"). C'est aussi la raison qui parfois me pousse à me hérisser face à certaines postures "littéraros"...
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B
J'aime beaucoup le : Le plus mystérieux étant de comprendre comment cela avait pris exactement le même temps à le monter qu'à ce qu'il retombe.Plein de poésie !
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L
@Lusina : merci d'être venue, et meilleurs voeux à toi aussi.
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L
Merci ppour cet âne si doux... et pour ces belles photos.Meilleurs voeux Lusina
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L
@Mtislav : merci pour le tag (ça m'a inspirée pour la mise en forme de mes petites histoires), et, pour la suite, ça devrait être en ligne ce soir ou demain (quelle flemme en ce moment...).
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L
@Mélisane (Yane) : tu as raison la jument est hors champ ;-) je l'intégrerai dans un texte à l'occasion, elle est blanche, d'un certain âge m'a-t-il semblé, et, ta vision est parfaite, car ce lieu est protecteur.@Milla : bonne année ! très chère Milla, et mon tag sur les petits bonheurs ? (je te les souhaite, en tout cas, tout au long de l'année nouvelle)
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M
J'aime l'ambiance dégagée par le contenu de ce billet, et surtout la réflexion de ton "voisin qui tient le café-épicerie".Heureuse année Lucia!
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M
J'ai bien regardé l'étang champs de riz, n'ai ppint vu de jument ; alors je vais me l'imaginer, dans mes rêves protecteurs, avec des senteurs de terres et de cultures.
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M
Trés joli billet, en me réjouissant de savoir qu'il y a une suite. J'ai appris plein de choses !
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L
@Mélisane : bienvenue ! oui, l'âne croisé, mais aussi la jument au milieu des champs de riz (ce qui sur la dernière photo ressemble à un étang), c'est, à chaque fois, l'émerveillement, sans parler des innombrables puits creusés au milieu des champs. J'en reviens protégée, croyez-le bien.@Tini : l'âne et le vin, c'est joli comme association. Nous avons bien festoyé hier (foie gras, huîtres, et morue à la française : haddock au beurre de cerfeuil !). E. va bien, nous t'embrassons. Bonne année et à bientôt à Paris ! 
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