Oliveira et les vampires
Publié le 10 Janvier 2009
Permettez que ce soir je chausse ma casquette de Française, elle me sied à ravir me dit-on, j'en ai même fait une spécialité de cette culture française... (non pas au sens de la culture savante seulement, mais aussi de la culture partagée par l'ensemble d'une communauté : valeurs, coutumes, traditions...).
On nous reproche à nous Français d'aimer parler de tout et de rien, et surtout de ce qu'on ne connaît pas... Alors, comprenez que je m'élève contre une critique à mon sens tout à fait injustifiée. Non que nous ne le fassions pas, j'adore quant à moi analyser des films que je n'ai pas vus, commenter le style d'un écrivain que je n'ai jamais lu (ou si peu...). Ce que je voudrais défendre ici c'est l'intérêt d'une telle habitude. Combien, souvent, est ennuyeux le commentaire sur un film qu'on a vu... on s'emmêle les pinceaux, on veut faire pro, intelligent... et ça reste plat la plupart du temps. Comme j'expliquais cette caractéristique de la culture française à un Suisse alémanique, il me répondit que ça lui paraissait tout à fait judicieux et pertinent : en effet, sans l'avoir vu on peut beaucoup plus librement embrasser l'oeuvre, et s'y plonger d'autant plus volontiers que la vérité des faits ne sera pas là pour nous limiter. Idem pour les livres que nous n'avons pas lus, je crois que récemment Télérama (?) avait même fait un dossier sur cette question (des écrivains devaient écrire un papier sur un livre classique non lu par eux), dans mon souvenir c'était très réjouissant.
Alors, ce soir c'est l'exercice auquel je voudrais me prêter. J'avais hésité d'abord à vous parler du film d'Oliveira, ben oui, mon âme lusophone était titillée : il me fallait attendre de le voir. Maintenant je crois qu'il vaut mieux en parler avant, après ça sera peut-être trop tard, non qu'il sera mort (ou moi... ou que le monde aura cessé de tourner), mais je n'en aurai peut-être plus envie. Sur la couverture de Pariscope : Le miroir magique, dernier film de Manoel de Oliveira (non pas dernier de sa filmographie, il vient d'avoir 100 ans, car le suivant est déjà tourné pour Cannes, mais dernier sorti) avec ses acteurs fétiches, dont Michel Piccoli. Pour la septième fois il s'agit de l'adaptation d'un roman d'Agustina Bessa Luis (comme lui amante de Porto et du Minho, la région qui l'entoure) et la deuxième de la saga Le principe de l'incertitude, dont L'âme des riches est le volume 2 et donne lieu à cette mise en images du maître cinéaste.
Par une coïncidence étrange, cette Âme des riches reste en suspens depuis 2 ans dans ma vie... je n'arrive pas à terminer la lecture du roman, et je suis arrivée précisément à l'endroit qu'Oliveira a décidé de porter à l'écran. Autant Le principe de l'incertitude m'avait tenue en haleine de bout en bout (déjà adapté par lui, et curieusement par peur d'être déçue, j'avais ignoré le film), autant là je peine, non que ça soit moins bien écrit, moins intéressant... c'est comme avec nos amants (ami(e)s), la routine peut nous lasser : je ne suis plus surprise, ni par le style, ni par les personnages, et sans savoir où ça peut déboucher (c'est sans doute là d'ailleurs où réside tout l'intérêt du livre, et ce que je n'ai pas lu m'en semble presque plus captivant). Et là, j'ai très envie d'aller découvrir comment le cinéaste l'a digéré. Je vois les bandes annonces, ça me semble déjà jubilatoire, si tant est qu'on puisse utiliser ce qualificatif avec Oliveira (on conseille quand même d'y aller bien "éveillé", les effets spéciaux ne vous feront pas palpiter, ici rien que de très lent, très méditatif...).
Le deuxième film dont j'aimerais vous entretenir (même si je sais que les critiques sont abominables) est Twilight, autant vous le dire comme pour le précédent je n'en ai vu que les bandes annonces, pourtant je sais déjà qu'il va me plaire. D'abord, je vais le voir avec mon neveu, de 11 ans... (nous sommes tous les deux accros aux films de vampires... et donc il n'a pas eu trop de mal à me convaincre de me lever aux aurores un dimanche, pour pouvoir assister à la séance du matin...), ensuite, comme lui, mais avant lui, j'étais passionnée par Buffy contre les vampires, c'est lui qui m'a fait découvrir Van Helsing (film absolument génial), à la grande horreur de ses parents. Entretien avec un vampire (film fabuleux) c'est pas moi !!! il l'a vu en cachette chez sa grand-mère de Poitiers (moi j'ai le DVD, mais j'attendais qu'il ait un âge décent pour le lui montrer, car il y a des scènes un peu osées...). On a tous les deux vu la bande annonce sur le Net... (de Twilight), on en connaît déjà certains dialogues cultes : "euh t'as 17 ans... mais ça fait combien de temps que t'as 17 ans ? - Longtemps..." je crois que je ne vais pas regarder Ruquier ce soir... je vais me coucher pour être en forme demain matin.
Lequel des deux films vais-je préférer ? oh... je crains que mon coeur balance...
Photos (c) Luciamel, samedi soir, en rentrant de chez Lucas... la boutique (l'atelier ?) au poisson et à la déesse (rue Oberkampf).