Entre Ségo et Adjani, y a pas photo
Publié le 26 Février 2009
Elle et lui marchent derrière moi, sur le trottoir. Quand je le peux, c'est avec grand bonheur que je vous vole des bribes de vie. Je les entends, puis je les écoute :
- C'est une époque où moi ça n'allait pas très bien, j'ai fait une dépression, après une rupture.
- Ah...
- Oui, mon copain de l'époque me trompait, je m'en doutais, alors un soir je lui ai demandé.
- Ah...
- Les hommes c'est comme ça, ça ne dit rien, ça cache...
- Ah bon ?
- Ouais, un jour j'ai voulu en avoir le coeur net, je l'ai mis au pied du mur. Il a reconnu que c'était vrai.
C'est là où j'ai dû m'arrêter devant un magasin, et les laisser me doubler. J'ai vu ce couple se tenant par la main : deux jeunes de 25 ans, qui avaient l'air de deux amoureux.
Les femmes trompées... quel roman ! (oui, je sais... les hommes trompés aussi ça existe, mais là ça devient du "boulevard"). Plus que trompées, pour les femmes, il faudrait dire "trahies".
Suivant l'analyse du complexe de Jocaste (l'équivalent du complexe d'Oedipe au féminin, l'amour d'Oedipe pour sa mère, et réciproquement, leurs enfants, la haine qu'il voue à toutes les autres femmes - les putes... - qui ne pourront jamais supplanter maman, celles qu'il faut trahir, celles qu'il faut éliminer).
Ségolène Royal et Isabelle Adjani (après Uma Thurman et Jennifer Aniston) se sont fait larguer par leur mec. Bon, et alors ? Nous vivons en pleine liberté... à la fois sexuelle et relationnelle. Et Cécilia a bien quitté Nicolas... Soit, même si les façons de "jeter" l'autre tendent à s'uniformiser, elles me semblent encore marquées par des différences d'attitudes de "genre" (comme on dit aujourd'hui).
Madame Royal n'a communiqué (elle dit qu'elle s'est fait voler la photo... hmmm, hmmm) sur sa nouvelle relation qu'après une séparation de plusieurs mois. Isabelle Adjani reste dans le secret (sauf pour crier sa colère devant la muflerie de J.-M. Jarre, prenant en cela exemple sur Uma Thurman) longtemps après la rupture.
Les hommes nous quittent, en nous traitant comme des traînées... alors que peu de temps avant ils nous prenaient pour des Jocastes... Ils nous quittent souvent pour une nouvelle Jocaste... Remarquez comme l'homme ne rompt pas quand il n'a rien d'autre sous la main... Je caricature naturellement. Combien d'hommes seuls, abandonnés, ou simplement en quête de vérité. Et la vérité, tout comme la liberté, se paie généralement au prix fort : la solitude. Combien de femmes, jouant le rôle de maman ? n'étant plus des "individus", mais remplissant juste un rôle... celui qui leur a été attribué... par dame Nature, ou la société.
En quoi Royal et Adjani se distinguent-elles ? elles ont le même âge, l'une très très liftée, l'autre un peu moins... je dirai qu'il n'y a pas photo... l'une d'entre elles semble bien plus "nature".
L'une est engagée et comme insubmersible... je trouve qu'Adjani avec La journée de la jupe revient au plus haut niveau de celle que l'on a tant admirée dans Camille Claudel, et qu'ainsi elle rejoint l'autre dans son engagement.
Elle est attaquée... mais semble toujours plus épanouie, plus heureuse de vivre (son sourire ces derniers temps, sa force de combat me donne envie de lui apporter, comme par le passé, mon soutien (ici, ou ici, ou là)).
Peut-être que si, en fait, il y a photo... car toutes deux sont des femmes de caractère, engagées dans une lutte. Je les défendrai, quoi qu'il en soit, à égalité.
D'autres extraits du film ici... et pour ceux qui, comme moi, n'auraient plus trop les moyens d'aller au cinéma, je signale qu'il passera en avant première sur Arte le vendredi 20 mars.
Photo de Pietragalla ici