Renaissances
Publié le 27 Mars 2009
deuxième mouture du samedi midi (après moult café)
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Je m'en vais vous raconter deux histoires, a priori fort différentes, pourtant vous découvrirez, à la fin, qu'elles n'en faisaient probablement qu'une...
Mercredi soir, j'étais, sur les indications d'Olympe, à la République des Blogs (RdB), ça a lieu une fois par mois. Comme il semblait que quelques blogueurs de renom s'y trouveraient, je pris mon petit baluchon de blogueuse indigente pour me rendre à cette République au si beau nom.
Tôt installée, j'eus le loisir de voir arriver la gent internaute : Olympe vint me saluer, nous n'eûmes pas de mal à nous repérer, vu que nous ne fûmes que quelques "malheureuses" femmes perdues au milieu de ces Messieurs : 5 femmes pour 50 hommes (comme à l'Assemblée Nationale). A qui la faute ? remarquerez-vous, fort judicieusement.
Le ministre, Michel Barnier, s'est joint à nous, accompagné de ses "spin-doctors" (et précédé par un jeune-homme charmant du "portail du gouvernement", qui tient lui aussi un blog, à son nom, Vincent Lieser). Accompagné, disais-je, par ceux que j'ai qualifié de "spin-doctors"... mais le terme ne convient sans doute pas, car il s'agissait de deux jeunes-hommes, à l'allure "récemment sorti de l'ENA", ou de Sciences-Po, ou encore en formation, des stagiaires..? A l'un je prêtai du papier pour qu'il puisse noter, l'autre je l'observai, avec force intérêt, souffler quelques mots au mentor... un nom ? une indication ? Les deux stagiaires-gardes du corps... étaient munis, comme il se doit, de i-phones, je remarquai qu'après que j'ai eu posé ma première question, et décliné mon pseudo, les doigts de l'un d'eux avaient tapoté son petit écran, qu'il a montré à l'autre en souriant... pourquoi ? Mais, je regarde trop de James Bond...
Devant moi, un jeune (lui aussi) dessinateur-blogueur, que le ministre avait salué et reconnu. En fin de soirée, celui-ci a avoué avoir eu de la peine à croquer l'homme politique, pourtant c'était vraiment bien... il s'appelle Michaelski...
Je pris la parole, après un certain temps (je vous rappelle que c'était assez masculin comme ambiance, je dus, pour être entendue, faire usage du vieux procédé : "les femmes et les enfants d'abord", mais la deuxième fois ces messieurs n'y furent plus sensibles, et, alors que j'avais été la seule femme de la soirée à poser une question, ils me répliquèrent : "nous sommes trois avant vous !", "oui, mais je représente une certaine parité", "quelle parité ? nous sommes des individus, chacun son tour", l'argument me parut recevable, j'attendis donc la fin de l'entretien pour poser ma deuxième question).
Que lui demandai-je ? à Michel Barnier, venu nous parler de l'Europe, de José Manuel Barroso et du PPE, de l'abstentionnisme, de son combat ! pour l'agriculture et la pêche, entre autre.
- Monsieur le Ministre, vous nous dites votre priorité "lutter contre l'abstentionnisme" et vous vous inscrivez dans la ligne de José Manuel Barroso et du PPE. J'aimerais que vous nous expliquiez : pourquoi lutter contre l'abstentionnisme, et en quoi est-ce qu'il vous gêne ? ne devrait-on pas au contraire entendre ces abstentions, et les valoriser ? Pour illustrer mon propos, permettez que je cite un autre Portugais, José Saramago, prix Nobel de littérature, et auteur de La lumière blanche, [ou, plus exactement, La lucidité ]suite de La cécité, [L'aveuglement, en fait], son roman adapté au cinéma, et en compétition l'année dernière à Cannes. Dans ce livre, José Saramago prône une prise en compte des "votes blancs", il imagine un monde où la majorité des électeurs voterait blanc... il y voit la fin du système politique actuel, une forme de révolution. J'aimerais dire pour terminer que Ségolène Royal avait réagi à la publication de ce livre en français, et répondu à Saramago, en disant que ça donnait à réfléchir : comment prendre en compte ces électeurs ? mais que cela lui posait problème car elle y voyait la mise en danger de la démocratie même.
Je n'ai pas dit tout ça à la suite... il s'est plutôt agi d'un échange; j'ai corrigé (entre crochets) les références inexactes données, par confusion avec les titres en portugais.
Ma deuxième question... après que l'organisateur de la soirée m'eût fait signe de m'imposer en parlant fort, si je voulais être écoutée :
- Monsieur le Ministre, vous nous avez dit que vous reviendriez volontiers à la République des Blogs, pourriez-vous expliquer en quoi les blogs et les blogueurs vous intéressent, et intéressent un homme politique ? Qu'attendez-vous des blogueurs ? Est-ce la manifestation d'une "démocratie participative" ?
Pour connaître les réponses à ces questions... je vous invite à aller sur les blogs de Monsieur Barnier, ou de ses collaborateurs.
J'ai quand même pu remarquer que le jeune homme, à qui j'avais donné une feuille de papier en début de soirée, avait noté dans sa liste : abstentionnisme/vote blanc, et que l'autre (le souffleur du ministre) passait son temps à écrire des phrases sur un carnet qu'il prenait soin de raturer, consciencieusement, juste après les avoir écrites...
Sinon, quel galant homme ce Michel Barnier (pas comme certains blogueurs ! je plaisante...) en partant il a pris soin de saluer les dames... en leur serrant la main. Ah, c'est la base même de la politique ?..
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Ma deuxième histoire.
Hier.
L'émerveillement total.
Un spectacle, Cristina Branco à la Cigale. Invitée par des amis (je rappelle que je suis fauchée), j'assiste à une première partie honorable (hommage à Léo Ferré, passage d'Agnès Jaoui, tiens, quelle surprise de la découvrir si pulpeuse, bon, comme l'a dit Amancio Prada nous étions là pour Cristina).
Elle entre... euh... c'est quoi ça ? il paraît que ça va être à la mode cet été le "Jodhpur-Sarouel", un truc innommable, immettable... Elle, la sublime, l'élégante, la toujours superbe... elle l'a fait : elle a mis cette chose infâme... Concentrons-nous sur sa voix. Mais c'est quoi cette scène ? où les femmes semblent plus... rondes qu'à la télé ?
Après quelques minutes; plus de doute : elle est enceinte... Un peu décontenancée d'abord, puis enthousiaste : c'est génial, elle qui normalement vend aussi sur son image, son côté sexy, là, se déplaçant avec difficulté, elle nous montre que non seulement elle assume, mais, qu'en plus, sa voix (étions-nous là pour autre chose ?) n'en est que sublimée. Finalement, j'hésite : est-ce le syndrome Rachida Dati ?
Nous avons été renversés, plaqués aux fauteuils de notre navette spatiale, et... transportés par l'une des plus grandes chanteuses portugaises qu'il nous ait été donné d'entendre. Le public ("bobo parisien" en grande partie) l'acclamait debout à la fin du spectacle.
Mon coeur, mon épine dorsale, mon passé, mon futur... ont vibré à l'entendre.
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Ce qui suit est ma réponse au tag de Mtislav (lancé par Dorham) "Offrons à Balmeyer la prochaine vie qu'il mérite".
Et ce matin m'est apparu le lien, la résultante de tout ça : la renaissance de Balmeyer. J'ai entrevu sa vie future, j'ai pressenti son devenir... L'enfant qui se prélasse dans le ventre de Cristina Branco, bercé énergiquement (ça réveille, le fado) par cette femme si douce (quand elle parle sa voix est celle d'une petite fille, alors que son chant est l'océan...) est l'arrière-arrière-grand-père du futur Balmeyer... ou Balthazar Meyer (déjà magnifiquement portraituré par l'inégalable Mtislav) Pourquoi ? parce qu'il avait eu un lien virtuel au XXIe siècle (mais ça remonte aux temps du premier Rieur, le prophète André) avec une blogueuse, une Portugaise.., une certaine Lucie de Bagdala... ou Blogdala... elle lui avait fait écouter une sorte de mélopée, qu'en ce temps là on appelait "fado". Le choc fut tel, pour lui le grand connaisseur d'André Rieu, que sa vie en fut littéralement bouleversée. Il ne put résoudre le conflit qu'en se réincarnant, des générations plus tard, dans le descendant de Cristina : Balthazar, lui aussi fils d'une chanteuse.
Et la relation avec Michel Barnier ? c'est juste pour dire que le fils de Bal dans la réincarnation décrite par Mtislav, après de brillantes et très courtes études dans une miniversité, deviendra le spin doctor de l'arrière-arrière-arrière petite fille, de cet homme politique si proche des blogueurs... Ainsi, Kékélo délivrera-t-il Balthazar, son père, du complexe de la machine à café.
Voici enfin, cher Balmeyer, ton arrière-arrière-arrière-grand-mère...
et voici celui qui l'avait inspirée : Zeca Afonso, dans ce même Redondo Vocàbulo (la mise en images est fabuleuse, illustrant parfaitement ce thème des Renaissances).
Photos (c) Luciamel, avec un téléphone portable, d'où... la piètre lumière.