Séquestrons-les puis pardonnons-leur.
Publié le 24 Avril 2009
Tiens, aujourd'hui c'est vendredi, alors j'ai acheté Vendredi (l'hebdo qui reprend sur papier 'sa' sélection des textes publiés sur le Net, blogs et blogueurs sont à la fête, ils sont les premiers à verser leurs deniers, après avoir fourni, quasi bénévolement (?) leurs billets, pour avoir leur quart d'heure de gloire, celui dont Warhol disait que tous l'espéraient). J'ai constaté que le tarif avait changé... d'1,50 euros on est passé à 2 euros, purée ! sacrée augmentation, due à quoi ? on ne nous a pas expliqué... la crise sans doute. Dorénavant, je lirai Vendredi sur le Net... ou je ne le lirai plus, la crise quoi. J'économiserai, sur 3 ou 4 semaines ça me paiera un ciné.
J'ai également acheté Siné Hebdo (pour la première fois), 2 euros aussi. J'ai aimé l'édito de Guy Bedos, enthousiaste sur le film Welcome, comme il l'avait été sur le film Survivre avec les loups. Moi aussi, j'avais suivi Misha, comme Philiberte... or, nous avons déchanté, car Misha avait menti. Gardons-nous de trop nous exalter, on le voit avec Ingrid Betancourt... de trop grands enthousiasmes, ou de trop fortes virulences pourraient nous faire tomber de haut.
Dans ce même numéro, Onfray, déjà habituellement, il m'agace... celui qui fait son beurre sur l'athéisme, en ayant un discours on ne peut plus doctrinal... : il rejette toute religion, mais les reprend une à une, obsessionnellement... C'est comme un de mes collègues qui veut se faire débaptiser (il semble très déterminé) sous prétexte qu'il est athée... bon, si on est athée, le baptème n'a aucun sens, alors pourquoi se débaptiser ? seulement pour ne plus figurer sur les registres de l'église catholique ? Effectivement, ça me semble un combat d'importance... Je lui ai dit qu'il allait finir catho intégriste... à force de s'intéresser obsessionnellement (plus que moi en tout cas) à tout ce qui concerne le culte catholique. Dans Siné Hebdo, Onfray nous démontre par a plus b (n'oublions pas qu'il est philosophe) que suivant Jankélévitch on ne pouvait pas demander pardon à la place de quelqu'un d'autre, ni pardonner pour lui... L'exemple qu'il convoque (celui qu'on ne saurait contester) ce sont les camps d'extermination, la Shoah... Effectivement, on comprend... qu'il soit allé si loin Onfray pour nous expliquer comment Ségolène Royal ne pouvait demander pardon au nom de la France pour les conneries dites par Sarkozy.
C'est ce qu'on appelle l'argument d'autorité. Si Jankélévitch l'a dit... tu n'as plus qu'à la fermer toi pauvre plouc qui ne l'a jamais lu Jankélévitch.
Sauf que moi, Onfray il ne m'intimide pas (il m'énerve même), alors je vais lui répondre ça :
Attention, ça renvoie aux Evangiles, évidemment ça concerne notre culture chrétienne... sera-ce recevable comme argument ?
Il se trouve que l'homme crucifié, et condamné par les siens, lui juif, et envoyé sur le mont Golgotha par son propre peuple, aurait dit (vous noterez mon conditionnel passé) : "père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font".
Suivant Jankélévitch, et Onfray qui répète, seul l'offenseur peut demander pardon, et seul l'offensé peut pardonner.
Soit, Jésus (et les évangélistes) a eu le tort de n'avoir lu ni Jankélévitch, ni Onfray, il a demandé pardon pour les hommes qui le condamnaient à mort, pour les Romains aussi, pour tous les hommes. On dit même qu'il serait venu (encore le conditionnel...) pour ça uniquement, pour racheter les péchés des humains... Représentant lui-même, par sa mort acceptée, ce pardon. Un fou ce type... pas étonnant qu'il ait mal fini.
Oui, raillez. C'est catho. C'est religieux. C'est ridicule. De demander pardon pour d'autres, et plus encore de pardonner la faute que d'autres ont commise.
Ca me semble, quant à moi, le comble de l'humanité. Car c'est reconnaître la faute de l'autre comme pouvant être sienne, comme humaine. Car même la Shoah, il nous faudra arriver à la pardonner.
Photo (c) Luciamel