A quoi rêvons-nous quand nous ne rêvons pas ?
Publié le 24 Juillet 2010
Etre dans la vie comme sur un plateau de cinéma... ou, mieux, comme sur une scène de théâtre. Et puis, tenter de se réveiller au beau milieu du songe de la nuit d'été...
Podalydes écrit ses livres entre les prises d'un film, car le temps s'y étire, s'y suspend... Finalement, n'est-il pas là, dans ces instants "entre", trouées dans le cours de nos vies, l'éveil dont parlent les maîtres en spiritualité ? à moins que tous nous ne soyons des Tartuffe...
Hier, j'ai assisté à la représentation du Tartuffe, au théâtre du Lucernaire. En chemin, comme j'aime ces chemins qui ouvrent des espaces dans le temps, j'ai vu les cieux se mettre à danser sous prétexte qu'ils ne sont plus assez écoutés.
photos (c) Luciamel
Partie de Notre Dame, ayant croisé la mort d'Henri IV, j'arrivai, au milieu des buissons de la rue Notre Dame des Champs, à ce capitaine Dreyfus qui tenait tant à me saluer.
photos (c) Luciamel
Sur le plateau du Lucernaire, les acteurs se préparaient (préparation elle-même mise-en-scène...). Et puis le spectacle a commencé... bien que ce ne soit qu'au début du second acte que les trois coups ont été frappés.
photos (c) Luciamel
Le Tartuffe n'entre pas immédiatement en scène, lui qui a séduit la vieille dame... elle qui semble toute ragaillardie par le bel esprit, et l'inspiration divine de cet artiste en manipulation des âmes... Son fils et elle sont prêts à lui donner leur fortune, à l'entretenir, à le défendre face à ceux de leur famille qui ne voient en lui qu'un charlatan. Elle et son fils sont charmés. Orgon ne voit en François-Marie Banier... qu'un envoyé des cieux, il reniera même son fils pour prendre le parti du charmeur.
Et François-Marie, euh... Tartuffe entre en scène et se met à dessiner des figurines enfantines... surmontées d'une inscription : "ça m'est égal"... Tous le calomnient, mais lui n'en a cure, car il se dit inspiré... On manque de sombrer dans le chaos... le Tartuffe a fait main basse sur la fortune, Orgon et sa mère se sont repentis mais trop tard...
Fort heureusement le prince Nicolas... euh... Louis... va mettre un terme à tout ça, et, pour que l'ordre de la société soit préservé, il fera condamner le scélérat.
Sortant du théâtre, j'ai voulu boire un café assise à une terrasse. Un homme s'est assis près de moi. Puis, au moment où je partais un autre est venu le rejoindre : c'était Tartuffe (Marc Chapiteau) démaquillé. Je l'ai félicité pour le spectacle, me suis émerveillée de la mise-en-scène, mêlant les époques (lui habillé en dandy des années 2000, néo-guide des âmes "post-modernes"). Il a désigné l'homme installé près de moi quelques instants auparavant : "C'est lui le metteur en scène, et notre éveilleur à nous !". Bravo Monsieur Ferran !
Nous (j'étais avec deux amies) avons pris congé d'eux en les remerciant pour cette merveille théâtrale, Marc Chapiteau nous a priées de leur faire de la publicité, ce dont je l'ai assuré. Puis, j'ai dit au revoir à mes amies et me suis dirigée vers le métro Saint Placide, où j'ai dû attendre cinq minutes une rame, un moustique n'arrêtait pas de me suivre... Pour le fuir, je suis allée à l'autre bout du quai... et là ! qui vis-je, attendant le métro elle aussi ? Elmire, alias Laurence Guillermaz dans la vraie vie. J'ai furtivement sorti mon appareil photo... sans pour autant vouloir trop faire la paparazzi... Elle s'est installée sur la banquette juste derrière moi, nos têtes se frôlant parfois... En partant, j'ai pris en photo le geste de sa main, où elle s'enveloppait d'un vaporeux foulard bleu, couleur du temps... Merci l'artiste ! Merci la vie...
photos (c) Luciamel