Au secours maman, les femmes perdent la boule.
Publié le 25 Février 2010
Je ne l'apprécie pas outre mesure... (ses positions sur la religion), en cela il me fut assez désagréable de tomber, en tous points (sauf celui de la religion), d'accord avec lui. Il a dit avec des mots qui auraient pu être les miens (et qui, même, l'ont été) mon sentiment sur quelques débats de notre société. Lui c'est Michel Onfray.
Depuis que le livre est sorti, et même avant, ce ne fut que polémique, levée de boucliers (surtout par les femmes et par beaucoup se disant féministes), pour contester et conspuer, sans réserve aucune, le dernier ouvrage d'Elisabeth Badinter. Cette semaine dans Télérama, Weronika Zarachowicz ne s'est pas gênée pour la démolir.
Il intitula son article dans Le Monde comme en regard à l'un des miens... interpellant Olivier Besancenot. Le sien : Le nouveau parti anticapitaliste, ou la schizophrénie en bandoulière. Le mien : Le facteur et son doigt blessé... en bandoulière. Ce qui est drôle et confondant, c'est que nous parlons de la même personne, et que nous en disons à peu près la même chose.
Puis, plus étonnant, il écrivit avant que moi-même je ne laisse ici (sans l'avoir lu, comme lui ne m'avait aucunement lu) sur mon blog des propos identiques aux siens :
"A ce défilé de mode digne d'une cour des miracles, il nous faut désormais ajouter des féministes qui estiment que la maternité est le destin de toute femme, que la prostitution relève de l'exercice libre, sinon libéral, de son propre corps, que l'allaitement procure des sensations qui dispensent d'en chercher ailleurs - merci, chère Elisabeth Badinter, de résister à ce "féminisme"-là !"
J'ai ce soir écouté l'auteure du livre en question, sur France 5. Elle a rappelé que jusqu'à aujourd'hui en France, héritière des Lumières, on considérait qu'une femme avait des intérêts qui primaient sur la maternité, on trouvait normal qu'elle travaille peu de temps après l'accouchement, et on ne la culpabilisait pas de ne pas assimiler sa vie à la "maternité". La France se distinguait en cela de pratiquement tous les pays d'Europe, où les femmes qui procréent se doivent de se vouer à leur famille, à "l'élevage" de leurs enfants pendant leurs premières années (sous peine de se voir rejeter par la société, ou par la famille). Il se trouve que paradoxalement (ou très logiquement) c'est en France que les femmes ont le taux de natalité le plus élevé, en travaillant à temps plein; elle cite le cas de l'Allemagne qui connaît un taux de 26% à 36% de femmes n'ayant pas d'enfants. Badinter demande : "dans ces conditions, peut-on continuer à pathologiser les femmes qui n'ont pas d'enfants, dans ces pays où le poids de la maternité n'est pas supportable ? peut-on continuer à soutenir que les femmes qui ne veulent pas d'enfants ne sont pas des femmes ?"
Or, en France, à la fille des Lumières, à la Marianne... au bonnet phrygien rouge, à la femme menant le peuple vers sa liberté... on tente de substituer une femme enceinte... à la robe blanche immaculée, au bonnet devenu blanc... et à l'entrave familiale évidente. On tente de nous convaincre que le retour à la nature est un retour à l'authentique... le retour à l'allaitement, à l'éducation des enfants, la valorisation de ceux-ci, l'idolâtrie, jusqu'à s'énamourer de ceux qu'on devrait seulement éduquer, deviendrait la vraie féminité, et, paradoxalement, représenter le vrai féminisme.
Ce sont ces mêmes femmes qui veulent allaiter, croire qu'on les laissera élever leurs enfants un, deux, voire cinq ou six ans (pourquoi se limiter ?) comme en Allemagne ou en Suisse, où, on considère que c'est pour le "bien" de l'enfant, et que tout "naturellement" c'est à la femme de s'y consacrer, car ça sera bien plus profitable (le père étant bien plus efficace et rentable au travail), ce sont ces femmes qui croient qu'on leur réservera ensuite une place de choix dans la vie professionnelle... qu'il leur suffira de vouloir revenir au travail, pour pouvoir... après 1, 2, 3, 5 ou 10 ans... reprendre facilement une carrière... La lutte était d'essayer de parvenir à la parité, de ramener les salaires à l'égalité, de permettre aux femmes d'être perçues professionnellement comme des égales... de faire en sorte qu'à la maison, les tâches soient partagées, or, ce retour à la maison... ne fera que nous entraver, ne fera que justifier notre "différence" sociale... notre "spécificité biologique"... (on aura beau me dire qu'on peut très facilement allaiter et continuer à avoir une activité professionnelle, une collègue qui vient d'accoucher et qui va sans doute demander le congé parental, m'a confirmé que de congeler les biberons, de les décongeler sous des conditions très précises, était très très contraignant, qu'étant donné la difficulté de trouver une place en crèche, le fait qu'elle voulait allaiter (étant donné qu'elle se disait que c'était "mieux" pour le bébé) elle préférait renoncer à travailler... pendant un an).
On aura beau jeu de relever qu'Elisabeth Badinter est héritière et actionnaire de Publicis, et que l'image de la femme dans la publicité est loin du féminisme... on tombe comme dirait Onfray une fois de plus dans la schizophrénie : on reproche à la philosophe, d'être trop et pas assez féministe à la fois... Si tu es femme rien ne te sera épargné : tu es actionnaire et philosophe... et féministe... c'est bien trop pour une seule personne, nous ne saurions le pardonner, si tu étais homme... ça serait bénédiction, ou habileté.
Toutefois, je rejoins cette critique qui nous demande à nous femmes d'un peu plus nous responsabiliser, de moins nous victimiser, et de moins nous complaire dans nos conditionnements ancestraux (dans ce qu'ils peuvent avoir de rassurant et de satisfaisant).
Paradoxalement, à côté de cette féminité traditionnelle sur le retour... une autre semble vouloir s'imposer.
Je me suis demandé l'autre jour si je devenais une vieille schnock quand assise face à une toute jeune femme dans le métro, je me suis surprise à me dire qu'elle faisait de la provo...
Il devait faire moins 2°C dehors, elle s'est assise face à moi, manteau en fausse fourrure aux hanches, short très très court (on ne le voyait plus quand elle était assise), collant noir transparent en dessous, bottes. Jambes écartées, je n'en croyais pas mes yeux... mon voisin non plus, ni l'homme assis près d'elle qui semblait avoir du mal à déglutir... tant il se retenait. Elle sembla comprendre leur gêne, car au bout d'un moment (elle devait être étudiante) elle sortit un cahier avec lequel elle couvrit ses cuisses, faisant mine d'écrire quelque chose. Cela n'empêcha pas ces Messieurs, ni moi, de vérifier régulièrement qu'on avait bien vu ce qu'on avait vu.
Une semaine avant, la même scène... une autre jeune femme short (décidément elle n'ont pas froid... aux "yeux"...) mini-mini par un froid glacial, jambes écartées... hommes semblant dans le désarroi, elles très jeunes-femmes à l'allure hyper sexy.
Ces scènes me sont revenues en lisant l'article d'Olympe nous présentant le Dictionnaire iconoclaste du féminin, et son article sur les "préliminaires"... En effet, ces Messieurs n'auraient pas besoin, eux, quand ils se retrouvent à coucher avec nous à devoir être excités... car ils l'ont été tout au long de la journée : dans les pubs pour les yaourts, la voiture, le forfait, ou pour le parfum... par des jeunes filles testant leur séduction sur eux dans le métro, et avec leur femme s'étant acheté les dessous de la fille à moitié nue, vue sur des affiches d'abri-bus... (allez sur les blogs de ces Messieurs, et vous retrouverez in extenso, les reproductions de ces photos de jeunes filles dénudées, dans des poses suggestives aux allures pseudo-romantiques, et dans des lumières tamisées à l'érotisme suggéré - Hamilton n'est pas loin - , sans parler des affiches de films tels que "Nine", où un homme en costard-cravate et lunettes, est entouré de jeunes femmes aux tenues affriolantes). Le pire dans tout ça est que certaines femmes jouent le jeu... qu'elles soient suffisamment conditionnées pour croire que comme ça (en soutien-gorge et porte-jarretelles), elles seront aimées (parce que pour elles, l'essentiel et l'unique sens à leur vie est d'être aimées...)
On revient longtemps en arrière... la femme portant des dessous, se maquillant, se coiffant, se focalisant sur son corps, pour séduire l'homme, être sexy étant le summum (avant le mariage... ou comme maîtresse), mais dès qu'elle enfante, retournant à la maison, se mettant à allaiter, arrêtant de travailler pour élever ses enfants... elle fera tout pour correspondre à l'image de la MAMAN.
AU SECOURS !!! les femmes perdent la boule.