Billet d'humeur d'une travailleuse
Publié le 20 Juillet 2010
photo (c) Luciamel
Ce n'est pas bien... mais je ne lis pas grand chose en ce moment dans mon "google reader"... c'est sans doute l'été, car les autres blogueurs semblent en faire de même. Peu de comm's si ce n'est chez les "stars" du bidule.
Je bosse (comme Nicolas), les autres se prélassant tout l'été dans leurs vacances de profs (je souris... hein ? et pas de lien... ils veulent rester incognito), bon, je vais encore me faire des amis... (et réduire drastiquement le nombre de mes comm's, car je devrais me le rappeler : beaucoup de blogueurs travaillent dans cette branche de la fonction publique, ou comme journalistes).
Mais, c'est vrai que j'ai du mal à comprendre que quelqu'un, qui exerce le même métier que moi (l'enseignement), soit payé bien plus pour un temps de travail moindre (j'aligne 1125h de cours annuels, soit 25h par semaine, équivalant aux 35h de travail effectif), et un nombre de semaines de congés largement supérieur (j'ai 5 semaines en tout et pour tout). Sans compter les avantages (primes et autres départs à la retraite après 15 ans, si on a trois enfants : difficile de contester cette réforme de Sarkozy...) auxquels je n'ai pas droit. Avant, cette différence se justifiait par le fait que les fonctionnaires avaient des salaires bien moins élevés que ceux du privé. Depuis quelques années la tendance s'est inversée, mais les acquis sociaux sont restés.
Vous allez crier : comment peut-on se dire de gauche et tenir de tels propos ? si on est de gauche est-on obligé de soutenir éternellement (comme les Grecs) les privilèges d'une certaine catégorie de la population ? Normal ce sont eux qui protestent, manifestent, font grève... pour nous tous, disent-ils... ah ? Ben, depuis que je travaille jamais les manifs n'ont modifié mes conditions de travail : les élections, oui ! (la 5e semaine de congés payés, les 35h, la retraite à 60 ans, ce n'est pas vous avec vos manifestations et vos grèves qui l'avez obtenu, non, c'est nous avec notre bulletin de vote). En revanche, je sais que les manifs ont toujours maintenu et sauvegardé le salaire et l'emploi de nos collègues du public. Alors, vous pouvez crier avec Mélenchon dans la nuit... : "Mais, ces avantages et ce salaire plus élevé, c'est une façon de favoriser la consommation"... C'est aussi ce que dit Sarkozy, pour ses amis les "riches".
Je le connais le discours : "Crois-tu que ce soit en tirant tout le monde vers le bas qu'on va sauver le système ?". Non, mais pour maintenir le navire à flot pour d'autres (les retraites, les vacances, les logements de fonction, le pouvoir d'achat), il faut que certains soient sacrifiés : et là, où est votre solidarité Messieurs et Mesdames les fonctionnaires ? Car comment finance-t-on vos salaires et vos retraites ? avec les impôts de Liliane Bettencourt ? vous voulez rire ? vous savez bien que c'est avec les cotisations de l'ensemble des salariés (surtout ceux du privé).
Sachez-le, nous vivons dans un monde où on doit négocier avec son pharmacien le prix de ses médicaments. Alors, le départ en vacances on en est loin...
Je suis allergique aux pollens, et pour atténuer les crises d'éternuements je prends du Rhinallergy, médicament homéopathique de chez Boiron. L'autre jour, j'ai voulu en acheter une boîte à la pharmacie en bas de chez moi.
- 7,50 euros me dit la pharmacienne.
- Hein ? Mais, il y a à peine un mois je l'ai payé 5,50 euros.
- Oui, c'est vrai, ça dépend des quantités qu'on commande... Avant nous le vendions à 5,50 euros.
- Mais c'est incroyable ! C'est un médicament...
- Bon, si vous voulez je peux vous le faire à 5,50 euros.
- ????
- Oui, j'ai une marge, pour vous, comme vous êtes une cliente régulière, je peux baisser le prix.
Depuis, j'ai trouvé une pharmacie qui me l'a vendu à environ 6 euros. Ce matin voulant absolument m'en procuer sur le chemin de mon boulot, vu que les crises étaient revenues plus fortes depuis deux jours que je n'avais rien pris, je rentre à la pharmacie de la Place Clichy (énorme pharmacie, qui doit commander en grosses quantités...). Au moment de payer je sors machinalement mon portemonnaie pour chercher les sous demandés par le pharmacien, quand soudain je réalise le prix qu'il m'a dit :
- Combien ??? 7,95 euros ?
- Oui, 7,95 euros.
- Mais, c'est du délire ! je l'achète entre 5,50 et maintenant 8 euros ce médicament !!! Ce n'est pas un produit de beauté, ni de la para-pharmacie, c'est un médicament.
- Et alors, on ne va quand même pas vous les donner, sous prétexte que ce sont des médicaments. Ca dépend des quantités qu'on commande.
- Ah oui ? eh bien je ne vous le prends pas, je vais faire jouer la concurrence !
- Oui, vous avez bien raison...
Et je suis sortie. Un peu plus loin, une toute petite officine, rue de Clichy, j'avais même des doutes qu'elle soit agréée. Je rentre :
- Bonjour, euh... j'ai l'impression que vous n'aurez pas ce que je cherche...
- Ah, de quoi s'agit-il ?
- Oh, c'est homéopathique c'est du Rhinallergy...
- Si, si, on en a.
- Ah, et c'est combien ?
- 6,20 euros.
- Oh, c'est parfait, je suis bien contente d'en avoir trouvé et à un aussi bon prix, je me souviendrai de votre adresse, je reviendrai, on a voulu m'en vendre à 8 euros.
- Oui, moi j'achète directement au laboratoire, alors que d'autres s'adressent aux grossistes.
- C'est bon à savoir, merci encore.
Amis... fonctionnaires, le jour où il vous arrivera de devoir négocier le prix de vos médicaments, vous vous mettrez peut-être à protester pour autre chose que vos salaires à vous, uniquement ! (ou la cause des sans-papiers et du RSF, qui, bien que légitime, est surtout là pour flatter votre image de justicier au grand coeur) peut-être alors verrez-vous le monde autrement... que par le petit bout de votre lorgnette.