Et je persiste à écrire de la main gauche...
Publié le 3 Novembre 2009
Ca fait un certain temps que j'entends parler d'une certaine identité...
La mienne ne me fait pas grand doute, elle est multiple, elle est riche et fractionnée. J'enseigne le français aux étrangers depuis plus de 12 ans. Je leur dis les origines multiples des "Français", les Celtes, les Gaulois, les Romains, les Francs, les Arabes (en bien moindre mesure que dans la péninsule ibérique), les colonisés, les immigrés.
Je vois Miguel qui s'inquiète... ah, pourquoi ? lui, le Français, l'Européen, envisage qu'on puisse le priver de sa nationalité. Je ne voudrais pas me moquer... que Tatiana de Rosnay s'émeuve qu'on ne lui ait pas renouvelé automatiquement sa carte d'identité... alors qu'elle est NEE EN FRANCE. Euh... et de leurs origines (Miguel et Tatiana) anglaise et portugaise ? qu'en font-ils ?
Qu'on me prive de mon appartenance à la nationalité française (acquise) et je m'en irai ailleurs, et n'ai crainte de (re)trouver un pays "d'adoption". N'oubliez pas, quand même, que nous vivons au XXIe siècle, dans l'Union Européenne, et que... si vous n'êtes pas sans-papiers, si vous n'êtes pas issu d'un pays hors UE, vous ne pouvez, décemment, clamer votre exil, ni crier au racisme... vous êtes citoyen européen, voyons ! Sachons raison garder (pour servir ceux qui en ont véritablement besoin).
Je vois aussi J. (José) qui s'émeut... sur le vol (le viol ?) de son identité...
Messieurs ! restons calmes.
Nous ne sommes plus en 1940 où nous pouvions être déportés... nous ne sommes plus à l'époque où Aristides de Sousa Mendes devait sauver des milliers de juifs à Bordeaux...
On s'est battus, déjà, pour cette cause-là. Nous en avons d'autres en train. Alors ne nous dispersons pas.
Mon identité est sereine... démultipliée, ramifiée... enracinée. Vous ne pourrez jamais la détruire. Je vis au pays des droits de l'homme (droits humains), je n'ai AUCUNE CRAINTE de me voir expulser. Soyons sérieux.
Ne laissez pas un certain Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, lui aussi "étranger" de par ses origines, vous mener par le bout du nez... (méfiez-vous ! car il est doué à ce jeu-là). Il vous manipule même dans vos luttes.
Notre combat n'est pas là (à juste "politiquer" pour politiquer). Notre combat consiste toujours (ça fait deux mille ans que ça dure) à nous placer du côté des pauvres, des exploités, des persécutés... où qu'ils soient. Ne confondons pas.
Pour changer de sujet... Claude Levi Strauss est mort... à l'âge de 100 ans. J'apprends ça... et ça me donne envie de mourir.
Non que ça me désespère mais parce que sa vie me semble comblée.
Quel exemple, quelle vie !
J'aimerais, au jour de ma mort, laisser une empreinte (non pas aussi forte... ou il faudrait sacrément me mettre au travail) aussi sereine.
Je connais le lieu où (normalement) je serai enterrée, j'y vais régulièrement, c'est un lieu paisible, on dit que c'est la "division romantique" du Père Lachaise... Alors, laissez-moi vivre, en attendant.
Et je persiste à écrire... de la main gauche... comme ma compatriote en exil... Catherine Ribeiro.