Ils ont tout compris les riches...
Publié le 26 Juin 2010
photo (c) Luciamel
Drôle de monde que le nôtre, celui où l'on emprunte de l'argent à sa banque pour pouvoir épargner (véridique c'est ce qui m'est arrivé), celui où l'on croule sous les promotions de toutes sortes : cette semaine est celle du cinéma (du 26 juin au 2 juillet), si vous achetez une entrée on vous en offre une deuxième à 3 euros, or, il me reste 3 places sur ma carte MK2 valable jusqu'au 2 juillet...
J'ai donc 3 places plus 3 places... d'ici vendredi prochain... bon, heureusement que j'ai des tonnes de films à voir, et puis, comme ça, je pourrai inviter les copains. Cette semaine sera aussi celle du "cinéma de Lucia".
Pour commencer : Les moissons du ciel. Le cinéma américain des années 70, Richard Geere très jeune, et le sublime Sam Shepard !!! Ce que j'en ai retenu : la pauvreté. Comme la misère était monnaie courante en ce temps-là (le film se situe en 1916) ! La misère, la vraie. Y en a-t-il une fausse ? me direz-vous. Enfant, élevée à la montagne, dans le nord du Portugal, jusqu'en 1968 (car après je suis venue en France) je les ai connus les miséreux... on savait qu'ils étaient plus pauvres que nous, même si nous, on devait se serrer la ceinture (un jour pour mon anniversaire mon grand-père m'avait offert un petit pain à la marmelade), eux... on comprenait que c'était pire, ils n'avaient pas de quoi s'habiller, ni, surtout, se chausser, le sol de leur maison était en terre battue.
Quand on (mes étudiants étrangers) me demande pourquoi il y a tant de SDF dans les rues de Paris, alors que le pays est riche, je leur dis que c'est aussi une question de "communication"... les SDF ont compris qu'il fallait se montrer. Le nombre de SDF n'a pas augmenté, leur visibilité si. Il faut se rappeler Les misérables de Victor Hugo, ou les romans de Zola, ne pas oublier que sous Louis XIV près de la moitié de la population vivait misérablement. Et puis, revoir Les moissons du ciel qui ne renvoie qu'au début du siècle dernier.
Attention, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas ! Il y a encore en France 12% de personnes sous le seuil de pauvreté, des gens qui, bien que travaillant, n'ont pas assez pour vivre décemment. 25% des SDF ont un travail. Le quart monde existe, à côté de nous.
Mais la misère, celle d'Hugo... celle que subissent encore 15% de la population mondiale est en recul !!!
Et, dans ce monde si désespérant, il est parfois des chiffres et des rapports de l'ONU qui redonnent espoir dans le genre humain. J'avais lu cette semaine ces chiffres, ce soir ils ont pris un éclairage nouveau : celui de la petite fille, la narratrice du film, habituée à errer, et à trimer pour sa subsistance, se rapprochant facilement de ceux qui pourraient l'aider, petite fille à la morale si juste, "personne n'est parfait, ni tout à fait diable, ni tout à fait ange", elle qui s'est si facilement glissée dans les habits des riches "ils ont tout compris les riches, c'est si bon de vivre comme eux".
Les chiffres parlent, et ils disent... que l'extrême pauvreté a reculé dans le monde : de 46% en 1990, et 27% en 2005, elle devrait passer à 15% en 2015. Les progrès étant liés au développement de la Chine, et, en Afrique, à l'effort de scolarisation dans le primaire ainsi qu'à la lutte contre le SIDA.
A force de nous focaliser toujours sur le bout de notre nez (et sur les problèmes restant à résoudre), nous en oublions ce qui a été accompli par l'humanité au siècle dernier.
Quand je me promène dans mon quartier, je me dis... qu'entre les manifs et la gay pride, décidément la vie semble plutôt douce (en été) dans notre cher pays...
photos (c) Luciamel