Je demande au vent qui passe...
Publié le 3 Août 2012
photo (c) Luciamel, Paris Notre Dame, le 07/07/2012
Manuel Alegre, poète et homme politique portugais. Il est le poète portugais vivant le plus lu (et les Portugais sont de grands lecteurs de poésie, contrairement aux Français). Exilé pendant la dictature salazariste en Algérie. Après la révolution des oeillets du 25 avril 1974, il rentre au Portugal et s'engage dans la vie politique nationale aux côtés de Mario Soares. Député socialiste durant 34 ans, il a par deux fois été candidat à l'élection présidentielle. Depuis 2009 il est membre du Conseil d'Etat. Nos amis toulousains, Lili et Lulu, en parlent très bien.
Aujourd'hui encore, il se bat pour le Portugal.
Amàlia, Zeca Afonso et Adriano Correia de Oliveira l'ont chanté, comme Ferrat a chanté Aragon, ou Ferré... Baudelaire...
Parfois les chansons viennent en nous... sans raison (?). Celle-ci me trotte à l'esprit depuis tout à l'heure, j'ai voulu vous la dire, pour vous donner des nouvelles de "mon pays"... et je me rends compte, en cherchant sur Google que j'avais déjà fait un billet sur lui et sur cette chanson en 2008... aux tout débuts de mon blog. Voici le lien sur mon billet et la reproduction de ma traduction (un peu corrigée).
Ballade du vent qui passe...
Je demande au vent qui passe
des nouvelles de mon pays
le vent tait la disgrâce
le vent rien ne me dit
le vent rien ne me dit.
Je demande aux fleuves qui portent
tant de rêves à fleur d'eau
mais les fleuves non plus ne m'apaisent
car portent les rêves et laissent les peines.
Portent les rêves laissent les peines
oh fleuves de mon pays
ma patrie à fleur d'eau
où vas-tu ? Personne ne dit.
Si le vert trèfle tu effeuilles,
demande des nouvelles et dis
au trèfle à quatre feuilles
que je meurs pour mon pays.
Je demande aux gens qui passent
Pourquoi ils vont tête baissée.
Silence - c'est ce que répond
celui qui vit asservi.
J'ai vu fleurir les vertes branches
droites et au ciel dressées.
Et à celui qui aime avoir des maîtres
j'ai toujours vu les épaules courbées.
Et le vent ne me dit rien
personne ne dit rien de neuf.
J'ai vu ma patrie clouée
aux bras en croix de son peuple.
J'ai vu ma patrie sur la rive
des fleuves qui vont à la mer
comme celui qui aime voyager
mais qui toujours à terre doit rester.
J'ai vu partir des navires
(ma patrie à fleur d'eau)
j'ai vu ma patrie fleurir
(vertes feuilles vertes blessures).
Il y a qui te veut ignorée
et parle en ton nom patrie.
Moi, je t'ai vue crucifiée
en de sombres bras affamée.
Et le vent ne me dit rien
Seul le silence persiste.
J'ai vu ma patrie arrêtée
au bord d'un fleuve si triste.
Personne ne dit rien de neuf
si des nouvelles je demande
dans les mains vides du peuple
j'ai vu refleurir ma patrie.
Et la nuit grandit au dedans
des hommes de mon pays.
Je demande des nouvelles au vent
et le vent rien ne me dit.
Mais il y a toujours une chandelle
au centre de la misère même
il y a toujours quelqu'un qui sème
des chansons dans le vent qui passe.
Même dans la nuit la plus triste
aux temps de servitude
il y a toujours quelqu'un qui résiste
il y a toujours quelqu'un qui dit "non".
Manuel Alegre / traduction (c) Luciamel
******************************************************************************
Trova do vento que passa
Pergunto ao vento que passa
Notícias do meu país
E o vento cala a desgraça
O vento nada me diz.
O vento nada me diz.
La-ra-lai-lai-lai-la, la-ra-lai-lai-lai-la, [refrão]
La-ra-lai-lai-lai-la, la-ra-lai-lai-lai-la. [bis]
Pergunto aos rios que levam
Tanto sonho à flor das águas
E os rios não me sossegam
Levam sonhos deixam mágoas.
Levam sonhos deixam mágoas
Ai rios do meu país
Minha pátria à flor das águas
Para onde vais? ninguém diz.
[se o verde trevo desfolhas
Pede notícias e diz
Ao trevo de quatro folhas
Que morro por meu país.
Pergunto à gente que passa
Por que vai de olhos no chão.
Silêncio -- é tudo o que tem
Quem vive na servidão.
Vi florir os verdes ramos
Direitos e ao céu voltados.
E a quem gosta de ter amos
Vi sempre os ombros curvados.
E o vento não me diz nada
Ninguém diz nada de novo.
Vi minha pátria pregada
Nos braços em cruz do povo.
Vi minha pátria na margem
Dos rios que vão pró mar
Como quem ama a viagem
Mas tem sempre de ficar.
Vi navios a partir
(minha pátria à flor das águas)
Vi minha pátria florir
(verdes folhas verdes mágoas).
Há quem te queira ignorada
E fale pátria em teu nome.
Eu vi-te crucificada
Nos braços negros da fome.
E o vento não me diz nada
Só o silêncio persiste.
Vi minha pátria parada
À beira de um rio triste.
Ninguém diz nada de novo
Se notícias vou pedindo
Nas mãos vazias do povo
Vi minha pátria florindo.
E a noite cresce por dentro
Dos homens do meu país.
Peço notícias ao vento
E o vento nada me diz.
Quatro folhas tem o trevo
Liberdade quatro sílabas.
Não sabem ler é verdade
Aqueles pra quem eu escrevo.]
Mas há sempre uma candeia
Dentro da própria desgraça
Há sempre alguém que semeia
Canções no vento que passa.
Mesmo na noite mais triste
Em tempo de servidão
Há sempre alguém que resiste
Há sempre alguém que diz não.
Manuel Alegre
******************************************************************
et l'interprétation d' Adriano Correia de Oliveira :