L'émancipation par le foot en Algérie et ailleurs...
Publié le 31 Mai 2010
photo Flickr
Elle s'appelle Anita, elle est suisse, depuis toujours elle adore le football. Petite, il y a 40 ans, elle avait voulu le pratiquer pendant ses loisirs : "Hors de question ! lui avait dit son père, ce n'est pas un sport de fille". Elle a obéi, mais son amour, lui, ne l'a jamais quittée. Hier, elle a suivi Tunisie-France avec passion ("Attention, m'a-t-elle corrigée, pas France-Tunisie ! le pays d'accueil étant la Tunisie"). Selon elle, le but de la Tunisie a été marqué suite à un hors-jeu.
Il s'appelle Hans, il est suisse. Petit, il y a 25 ans environ, il voulait faire du foot lui aussi, mais son père s'y est strictement opposé, "un sport pas assez bien pour réussir dans la vie...". Alors, il s'est rabattu sur le handball, le ski et le tennis, ça, ça convenait à son milieu social, et à son père. Aujourd'hui, il a une bonne situation, contrôleur financier, mais est resté un grand passionné de football.
Il s'appelle Paul, il est portugais, dans son enfance son père a tué sa vocation... en l'empêchant de continuer à jouer dans un club, il avait un très bon niveau et aurait aimé devenir professionnel. Aujourd'hui, c'est le plus grand regret du père, un notable à la réussite exemplaire, il se rend compte qu'il a brisé le rêve du fils, pour de stupides questions sociales : il le voulait docteur, architecte, mais pas footballeur... Le fils a 40 ans et il est devenu l'employé du père...
Reportage hier au journal télévisé de France 2, la Coupe du Monde en Afrique du Sud, avec petit rappel historique : avant, pendant l'apartheid, le foot était réservé aux noirs, un sport de pauvres, les blancs eux préférant s'adonner au rugby. Depuis quelques années, on commence à voir des équipes métissées, avec toujours dans l'équipe nationale une majorité de joueurs noirs.
A l'heure actuelle, quand on parle de foot, c'est souvent pour le dénigrer : business, fric, mafia chinoise organisant des paris à niveau mondial sur le net et "achetant les jeux" (autre reportage de F2), prostitution, dopage, machisme... etc.
J'ai pris le parti d'observer ce sport sous un autre angle : le côté féminin. Non, pas les Zahia !!! (arrêtons de toujours revenir sur le sujet...), mais bien les Anita, les Bleues, les filles qui comme Jess dans Joue-la comme Beckam y trouvent le moyen de s'émanciper de leur culture trop traditionaliste, et de leur condition.
Le foot féminin comme l'affirmation d'une identité féminine libérée. Pourquoi le foot et pas un autre sport ? Le rugby, ou le judo, par exemple... Parce qu'il porte la charge du "populaire", du "prolo" et donc d'une certaine révolte à exprimer (même si de plus en plus de "bobos" encouragent leurs enfants à faire du foot, ce qui n'est pas une contradiction d'ailleurs, ils s'opposent, ainsi, à l'élitisme lié aux autres sports).
Les syndicats feraient mieux pour attirer des adhérents de créer leur propre équipe et d'encadrer des tournois plutôt que d'orchestrer de "gentils défilés" de fonctionnaires ("et du privé", selon la formule consacrée)... en mai, ou à la rentrée.
Voici, l'extrait d'un autre reportage de France 3 sur le foot féminin algérien, ouvrez bien vos yeux et vos oreilles, car ça vaut le détour... et ça peut prêter à réflexion, chez nous aussi.
"L'émancipation par le football, c'est la voie que se sont choisies de nombreuses jeunes filles en Kabylie. Il y a un an, elles formaient la première équipe de football féminin, témoignant ainsi d'une volonté de liberté et de démocratie. Rencontre à Tizi Ouzou, en Algérie, de l'équipe féminine, lors d'une séance d'entraînement. Nahima LAOUADI, capitaine de l'équipe, parle de la place de la femme en Algérie, et de Zhor et Mélissa, deux joueuses de football sur ce que leur apporte ce sport. Des hommes berbères de Tizou Ouzou se réjouissent, dans la rue, de cette activité pour les femmes."