"Le corps agrandi attend un supplément d'âme"
Publié le 9 Janvier 2011
Ce matin, juste avant le réveil, cette phrase, vue et entendue : "un blog c'est comme un microscope, muni d'un télescope"... Ah ?!
Mon portrait, La lettre, par Simon Gaetan.
Photos (c) Luciamel (le 28/11/2009)
J'accorde toujours beaucoup d'importance à mes rêves, et aux informations "dictées", ou transmises, pendant mon sommeil. Alors pour creuser la question, et poursuivre ainsi la réflexion amorcée dans mon précédent billet : qu'est-ce qui nous attire et nous donne envie de lire, tel ou telle blogueur/blogueuse, plutôt que tel(le) autre ? Je me suis penchée sur le songe de cette nuit... d'hiver.
Questionnement qui rejoint une conversation initiée avec Julien avant Noël : pourquoi écrire un blog ? La réponse est à la fois le microscope braqué sur notre nombril, et le télescope nous ouvrant l'univers. Les perles, la comète, et les étoiles... cher Julien. Un livre d'Hermann Hesse me revient en mémoire : Le jeu des perles de verre... Je me souviens combien toute son oeuvre a marqué ma prime jeunesse.
"Un télescope, (du grec τηλε (tele) signifiant « loin » et σκοπεῖν (skopein) signifiant « regarder, voir »), est un instrument d'optique permettant d'augmenter la luminosité ainsi que la taille apparente des objets à observer. Son rôle de récepteur de lumière est souvent plus important que son grossissement optique, il permet d'apercevoir des objets célestes ponctuels difficilement perceptibles ou invisibles à l'œil nu. Les télescopes sont principalement utilisés en astronomie, car leurs réglages ne les rendent propices qu'aux observations d'objets très éloignés et se déplaçant relativement lentement." (Wikipédia)
"Le microscope optique est un instrument d'optique muni d'un objectif et d'un oculaire qui permet de grossir l'image d'un objet de petites dimensions (ce qui caractérise son grossissement) et de séparer les détails de cette image (et son pouvoir de résolution) afin qu'il soit observable par l'œil humain. Il est utilisé en biologie, pour observer les cellules, les tissus, en pétrographie pour reconnaître les roches, en métallurgie et en métallographie pour examiner la structure d'un métal ou d'un alliage". (Wikipédia)
Est-ce la notion d'inconscient collectif (créant de nouveaux liens, une nouvelle synchronicité, via nos blogs, nos commentaires, nos twitts, notre FB...), d'âme, ou même de divinité, qui vient s'immiscer dans nos réseaux ? Alchimie de nos affinités, qui rend si particulières nos rencontres dans la "vraie vie"... Comme si nos âmes s'étaient déjà embrassées... Bloguer inscrit-il Un supplément d'âme... à nos vies ?
L'homme ne se soulèvera au-dessus de terre que si un outillage puissant lui fournit le point d'appui. Il devra peser sur la matière s'il veut se détacher d'elle. En d'autres termes, la mystique appelle la mécanique. La nature, en nous dotant d'une intelligence essentiellement fabricatrice, avait préparé pour nous un certain agrandissement. Mais des machines qui marchent au pétrole, au charbon, à la "houille blanche", et qui convertissent en mouvement des énergies potentielles accumulées pendant des millions d'années, sont venues donner à notre organisme une extension si vaste et une puissance si formidable, si disproportionnée à sa dimension et sa force, que surement il n'en avait rien été prévu dans le plan de structure de notre espèce. Or, dans ce corps démesurément grossi, l'âme reste ce qu'elle était, trop petite maintenant pour le remplir, trop faible pour le diriger. D'où le vide entre lui et elle. D'où les redoutables problèmes sociaux, politiques, internationaux, qui sont autant de définitions de ce vide et qui, pour le combler, provoquent aujourd'hui tant d'efforts désordonnés et inefficaces: il y faudrait de nouvelles réserves d'énergie potentielle, cette fois, morale. Ne nous bornons donc pas à dire, comme nous le faisions plus haut, que la mystique appelle la mécanique. Ajoutons que le corps agrandi attend un supplément d'âme, et que la mécanique exigerait une mystique. [souligné par moi]
Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion (1932), ch. IV