Le bleu nuit des sans-identité-papier
Publié le 17 Décembre 2009
Ce soir,
La nuit se couche sur Paris, hier,
Des hommes ont marché dans sa rue Blanche.
Les hommes étaient noirs, comme leur désespoir.
Les Français les encadrant étaient blancs, comme la rue.
Quelques centaines à défiler pour réclamer des papiers.
Pour réclamer une identité.
Ils m'ont donné un papier, où était noté ceci :
"Coordination 75 des sans-papiers".
Une dame blanche... bien habillée, et bien maquillée, (l'une des seules dans ce cortège presque exclusivement masculin, à croire que les sans-papiers ne sont que des hommes, ah oui... c'est que, souvent, les femmes noires sont réquisitionnées pour manifester pour le logement... la famille) m'a tendu une boîte à sous (elle m'avait vu prendre des photos) :
"Vous voulez leur donner quelques centimes ? On va voir Sarkozy, vous voulez lui dire quelque chose à Sarkozy ?
- Oui, qu'il ne renie pas ses origines."
Puis, en fin de cortège, j'ai vu la voiture balai... en fait elles étaient deux (l'une officielle, l'autre banalisée).
Hier, le soleil brillait sur Paris.
Ce matin,
La ville était blanche, comme une féérie.
Merveille sous nos yeux d'enfants éblouis.
Aller au travail, hai hi hai ho...
Lenteur, douceur, silence...
Comme un Noël avant l'heure.
Clic clac, nous avons tous fait des photos,
Ici, celles prises à mon boulot.
A la pause Markus a voulu faire un bonhomme de neige,
Oups... il a l'air tout rabougri...
Il s'y est repris à midi...
Ah ! c'est mieux,
Il serait pas un peu bridé ?
Normal, avec tous ces étudiants...
Japonais.
Cet après-midi avec Markus,
On a reparlé des minarets,
De l'interculturel, des valeurs...
Il m'a dit les originies de sa mère...
Elle est croate, et son père suisse.
Les différences... il connaît.
Ce soir,
La nuit est noire à nouveau...
Les hommes n'ont toujours pas les papiers
Où serait écrit noir sur blanc :
Vous pouvez rester.
Ce soir,
J'ai le blues...
Non,
Le fado...
Il est bleu nuit...
Photos (c) Luciamel