Le monde qui vient
Publié le 10 Mars 2012
J'ai récemment assisté (le 3 mars dernier) à un débat conférence au Théâtre de la Colline, organisé par Bernard Stiegler et son association Ars Industrialis, sur le thème de L'école, le numérique et la société qui vient (ouvrage collectif ayant servi de fil conducteur à la discussion).
photo (c) Luciamel, art de rue, rue St Merri, Paris 4e, le 10/03/2012.
La question était passionnante, les intervenants éminents, et je n'ai pas perdu une miette de leur raisonnement. Ils sont rares les lieux, les moments, où nous pouvons nous poser pour écouter des chercheurs en sciences de l'éducation, des philosophes, des contributeurs au monde qui vient.
J'ai poursuivi le cheminement de ce groupe de penseurs en me penchant sur leur approche des enjeux de la prochaine élection présidentielle en France. C'est sur le site de Telerama : à consommer sans modération. J'aime qu'on se penche par la pensée, plutôt que par l'idéologie, sur les problèmes qui se posent à nos sociétés. Notre monde est en mutation, nous le sentons, nous le comprenons, ou nous le craignons... les réponses des partis politiques sont de moins en moins adaptées. Tournons-nous vers les philosophes, les penseurs, ou les acteurs sociaux. La démocratie participative ?
Photo (c) Luciamel, conférence Ars Industrialis, théâtre de la Colline, le 3/03/2012
Je suis intervenue lors du débat de La Colline pour regretter que la "tablée" fût exclusivement masculine, sorte de Cène où les apôtres nous apportant la bonne parole reproduisaient à l'identique la société telle qu'elle a toujours été depuis des millénaires... J'ai interrogé et l'on m'a répondu que les petites filles et les vieilles dames aimaient la lecture, alors que les garçons s'en défiaient, que de tous temps cela avait été comme ça, au Moyen Âge déjà, on trouvait peu de penseuses... et plus de lectrices. Je n'ai pas vraiment compris l'extrapolation... Une femme dans l'assistance a renouvelé la question : "Vous n'avez pas répondu, pourquoi n'y a-t-il aucune femme auprès de vous, à Ars Industrialis ?". Ce à quoi Bernard Stiegler a indiqué qu'au moment de la prochaine AG (publique) de l'association rien n'empêchait les femmes de présenter leur candidature. A bonnes entendeuses...
J'aurais aimé ajouter que tant que la voix des femmes se résumerait à celle d'enfarineuses... nous n'avancerions pas dans ce monde qui vient. Elles ont plus à dire, elles ont plus à faire qu'à jeter de la farine, qu'à être les cheveux sur la soupe servie par et à ces Messieurs.
Heureusement, j'ai également pu entendre au Théâtre de l'Essaïon la voix d'une femme fichtrement engagée, fortement féministe, et terriblement méconnue, si ce n'est par son nom donné à une station de métro : Louise Michel, dans Louise Michel, écrits et cris. Incarnée sur scène par Marie Ruggeri, elle, Louise/Marie, nous fait comprendre que l'humain se moque bien du genre; quand il s'agit de révolte, de liberté, ou de poésie, nous ne sommes plus homme ou femme, nous sommes celui/celle par qui le monde peut changer. Spectacle ou performance, incarnation, plus exactement, d'un moment historique, celui de la Commune, de la force, du courage de celle qui pour défendre la liberté, la cause des femmes, la cause des humains, a passé de nombreuses années en prison. Elle aussi s'occupait de pédagogie... (elle était institutrice), et qui sait si on l'aurait acceptée à Ars Industrialis... ou si, pour se faire entendre, il lui aurait fallu devenir une enfarineuse de service.