Lisboa, velha Lisboa, mãe pobre à beira do rio*
Publié le 16 Septembre 2010
Turner, Naufrage d'un cargo, 1833, Gulbenkian, photo (c) Luciamel
Vous vous demandez pourquoi je n'en parle pas... Vous êtes intrigués par mon mutisme... Mais, sachez, que seul le chant peut rendre ce que nous, Portugais, nous ressentons... J'ai parcouru l'Alfama (le quartier "arabe", au sens historique, de Lisbonne), j'ai cherché une maison de fado, euh... bof ! (je vous le déconseille), j'ai traîné dans le Bairro Alto (bu un verre d'absinthe dans un bar de jazz, y a pas à dire, l'absinthe ça rend poète, ça allège l'âme), et j'ai eu l'impression que j'avais perdu... l'esprit de Lisboa. Touriste parmi les touristes, dans l'ombre de ton âme Lisboa.
photos (c) Luciamel
Mais, il ne faut pas la visiter, il ne faut pas la parcourir (car Lisbonne est femme, alors que Paris est homme), pour qu'elle vous touche, pour que votre sang coure comme le Tage, pour que votre sang porte des caravelles, il vous faut la regarder de côté... de loin.
photos (c) Luciamel
Ses ponts, celui du 25 avril, avec le Christ à son bout, et le Vasco de Gama (le plus grand d'Europe, et l'un des plus grands du monde, près de 20 km de long), vous les apercevez au loin. Ses toits rouges, ses trams, dont celui bourré de touristes car tous les guides le mentionnent : le n° 28, celui qui est nommé "prazeres".
Son magnifique musée Gulbenkian (lui l'Arménien, tombé amoureux de Lisbonne, et ayant légué toute sa fortune et ses collections au Portugal), avec en ce moment une magnifique expo de Ana Vidigal, et retraçant dans ses collections permanentes d'art moderne les grands noms de l'art portugais :
Fernando Lemos (1926) fotografias, auto-retrato.
Almada Negreiros, Auto-retrato num grupo, 1925.
Eduardo Viana, K4, Quadrado Azul, 1916
Antonio Carneiro, Sinfonia azul, 1920.
et, bien sûr, Vieira da Silva (dont il est scandaleux qu'on ne trouve aucun site internet digne de ce nom, à son nom), et la grande Paula Rego (sur qui j'ai déjà écrit plusieurs fois), vivant à Londres, considérée là-bas comme l'un des plus grands peintres du XXe siècle (et XXIe car elle n'est pas morte !).
Pendant que nous le visitions des conservateurs sont venus décrocher quelques Monet... pour l'expo du Grand Palais...
J'y ai tremblé en regardant les Turner, j'y ai vibré devant la Diane de Houdon (pour une fois on représente clairement le sexe d'une femme, sexe qui "jugé trop naturaliste, fut rebouché et martelé en 1829", a priori il semblerait qu'il ait été restauré...).
J'ai bu un café au café Brasileira dans la Baixa... avec la statue de Fernando Pessoa... le café y est 2 fois plus cher qu'ailleurs... (c'est là qu'il avait coutume de le prendre).
Alors, de retour à Paris, j'écoute Misia... dans son show aux Bouffes du Nord en 2007 (j'ai eu la chance d'y assister en vrai), Lisboarium. Elle y recherche Pessoa, elle y porte le fado... elle enchante Lisbonne.
*Lisbonne, vieille Lisbonne, mère pauvre, au bord du fleuve.