Million dollar woman
Publié le 8 Mars 2011
photo (c) Luciamel, Gif-sur-Yvette, joueuse de "touch rugby".
J'aime pas les trucs tendance (fashion week... oblige) : alors, Galliano ? Pourtant ça s'est passé juste à côté de chez moi, un café devant lequel je passe presque tous les jours, fréquenté par les mannequins et stylistes, La Perle, hiver comme été, tous les jours de la semaine c'est bondé, avec autant de gens sur le trottoir qu'à l'intérieur.
J'aime pas sacrifier à l'actualité : combien de blogueurs ne font que copier/coller/macher/digérer des titres glanés à droite à gauche... sur des sites d'info. Et Marine Le Pen ? et les sondages ? et Kadhafi ? tiens... on ne parle pas beaucoup de Chirac... Mais c'est pourtant comme ça, à faire le perroquet, qu'on est bien classé "en politique" au Wikio, ou autres sites de blogueurs. On vous demande de commenter et de réagir, en vous pliant à l'actualité. Ca n'est pas réfléchir. Ca n'est pas penser.
J'aime pas les marronniers : aujourd'hui c'est la journée de la femme... ou le carnaval, à vous de décider. Les marrons, les châtaignes, j'aurais bien envie de faire comme à Ivrea près de Turin, de les balancer comme ils le font là-bas avec des oranges pour se souvenir de la révolte du peuple au Moyen Âge qui s'était retourné contre son tyran (entraînés par la fille du meunier). Et puis, je mélangerais tout : la Lybie, la Tunisie, l'Egypte, la banlieue, l'Islam, Marine Le Pen, Sarkozy, Galliano, Kadhafi, les hommes machistes et tortionnaires, les violeurs, les profiteurs, les femmes dominatrices et castratrices, les privilégié(e)s... pour leur balancer à travers la gueule des marrons, des châtaignes, des oranges, des tomates... bref, pour un jour, de fêter Carnaval ! Et puis de continuer, pas seulement pour Carnaval, pour demain, pour après demain, continuer à protester, à gueuler, à dire non, à ne pas se laisser rouler dans la farine, dans les entourloupes de l'endormissement de nos consciences.
Dimanche dernier j'étais à Gif-sur-Yvette pour une rencontre de "touch rugby" féminin, j'en ai encore des courbatures... Je voudrais seulement dire combien le sport d'équipe est important pour nous femmes, combien nous devrions apprendre à penser "collectif". Je suis désolée de travailler dans une petite société où les salariées sont à 100% des femmes, et où c'est chacune pour soi, où (ça revient au même) ça fonctionne en petit clan : on navigue pour favoriser ou dégommer une personne, c'est-à-dire, pour nous femmes, à désigner celle qui pourra représenter la maman. On a du mal à s'associer pour faire gagner tout le monde (je me suis battue pour obtenir gain de cause pour nous toutes, tant que c'était l'intérêt de chacune j'ai été épaulée, puis quand on n'a plus vu si je pouvais servir à cela on n'a pas hésité à me dégommer). Or, il se trouve que dans notre entreprise les femmes sont sous-payées, la profession est dévalorisée... Il n'y aurait qu'en se liguant, en se serrant les coudes qu'on pourrait faire avancer la condition de toutes. Mais, les femmes ne pensent qu'à leur petit intérêt personnel : leur couple, leur famille, leur petite personne, et, surtout, il leur faut empêcher qu'une autre (qui n'est pas leur "maman") puisse être valorisée. Elles seront les plus cruelles avec celle qui veut se détacher du lot, car une seule le peut : maman. Et maman, ça ne peut être que soi.
Photo (c) Lucas B., Gif-sur-Yvette, "touch rugby"