No more, my Lord

Publié le 11 Avril 2010

 

Dire que mercredi j'y étais n'avance à rien... Dire qu'elle était à la fois frêle et si solide, sur ses talons-aiguille-échasses, et sa canne au côté, qui la faisaient ressembler à un flamand rose prêt à s'envoler. Dire que j'ai retrouvé la voix, mais, curieusement, peut-être, moins l'émotion. Surtout, qu'un malotru (genre bourgeois de 60 ans, à la chemise rose pâle, et à la femme assortie, blonde au tailleur beige) avait laissé sa compagne prendre le strapontin, d'une façon odieusement hypocrite. Lui : "Je vais m'asseoir sur le strapontin". Elle : "Mais non, laisse, je vais m'y mettre". Lui, sans aucune hésitation s'installe illico sur le fauteuil, à ma gauche. Durant la première partie du spectacle, je l'ai observé : ses jambes écartées, son genou droit débordant largement de mon côté... Irritée, j'ai laissé mon pied et mon genou à la limite exacte de mon siège, nos jambes se touchant régulièrement à chaque fois qu'il faisait une incursion de mon côté. Je pensais qu'il comprendrait le côté invasif de son attitude, mais non... Monsieur semblait avoir l'habitude de s'étaler, et qu'on se replie face à lui, à moins qu'il ne crût que je lui faisais du pied... N'y tenant plus, au bout d'une heure environ, je me penche vers lui, lui frôle le bras et lui indique poliment : "Excusez-moi, Monsieur, pourriez-vous enlever votre genou ? on n'arrête pas de se cogner !". Son regard interloqué, ses jambes, suivies de tout son corps, soudain ramenées du côté de l'épouse. Il sut ensuite, lui dont les longues jambes auraient justifié qu'il prenne le strapontin, respecter les limites, son genou ainsi que son pied ayant miraculeusement appris où commençait l'espace d'autrui, il n'eut plus besoin de tant de largeur pour sa longueur de jambes.


Les rappels à la fin du spectacle, pendant lesquels elle chanta No more my lord, a capella, ayant pour tout instrument son pied, dont les coups frappés sur le sol rythmaient la plainte, comme celle des prisonniers qui les premiers entonnèrent ce chant. J'étais tout ouïe, d'autant plus que les bourges étaient partis au premier rappel... Faudra vous y faire, vous les nantis qui vous croyez tout permis, vous qui abusez trop facilement de votre pouvoir ou de votre position sociale, on sera de plus en plus nombreux à vous rappeler les bonnes manières, et, qui sait, on finira par vous éduquer à un certain humanisme, celui qui ne se trouve pas dans vos livres, ou dans les spectacles auxquels vous assistez par "habitude", par obligation... celui qui consiste à être attentifs à ceux qui vivent près de vous... Faudra vous y faire car nous avons appris à taper du pied.

 

Melody Gardot, puisque c'est elle dont il s'agissait, m'a aussi émue (mais pas aux larmes comme je l'avais été lors de mon séjour à la montagne, où la pureté de sa voix, le jazz, le blues, en elle... m'avaient rappelé ma petite soeur... qui aimait tant le jazz) quand elle s'est adressée à Dieu, lui demandant de l'excuser car elle ne l'avait pas évoqué de la journée, y voyant la cause du morceau raté par deux fois, et qu'elle dut se résoudre à abandonner ce soir-là... Birds... 

 

Elle, croyante, bouddhiste dit-on. Elle, si sereine, et si drôle, pour nous parler de Dieu, ce qui ne l'empêche pas d'être une fille hyper-sexy. Une artiste française au label "laïcité" estampillé, aurait-elle pu se référer à Dieu, et s'amuser de sa relation avec lui ? Nous, nous avons plutôt des beurettes, défendant à corps et à cri la burqa (cf hier Camélia Jordana chez Ruquier) ceci sans parler de leur foi, ni de Dieu... non, elles parlent seulement de la burqa, du voile... et quand elles se convertissent comme Diam's c'est pour entrer en lutte plus qu'en religion... Elle est attendrissante Camélia, avec ses tout juste 17 ans... Les chanteurs et leur conversion... ce n'est pas nouveau : Cats Stevens, Bob Dylan, Leonard Cohen... pour ne citer que... les meilleurs.

 

Et puis vendredi chez FOG, Onfray est venu présenter son prochain pavé (dans la mare) : après Dieu, c'est Freud qu'il a décidé d'éliminer. Ben, il n'y est pas allé avec le dos de la cuiller ! car, même, il a invoqué la religion pour attaquer la psychanalyse : "A Lourdes aussi on a observé des guérisons". Je lui souhaite bien du plaisir au philosophe, car les psys ne vont pas se gêner pour l'analyser... Pendant cette première interview, il nous a déjà révélé que lui Onfray avait passé beaucoup de temps chez les curés, où il avait été tripoté mais jamais violé... c'étaient les plus faibles, ceux dont on abusait car ils ne savaient pas se défendre (ouïe, ouïe, ouïe... si ça, ça n'explique pas sa phobie de la religion... son besoin de purification). Il nous a aussi fait un portrait de Freud (drogué, obsédé sexuel et parricide dans l'âme, usurpateur et avide) fichtrement décapant ! Pour la sortie du livre FOG nous annonce un débat "Michel Onfray face aux psys" (dont Cyrulnik) : à ne pas rater.

 

Pour terminer ce tour d'horizon "entre jazz et Jésus", allez lire le billet de Dorham... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Rédigé par Luciamel

Publié dans #arts - livres - films -spectacles

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