Première fois
Publié le 28 Janvier 2011
Vous allez raler, vous allez vous dire : "elle nous fait encore son pathos", et, ça, je devrais y prendre garde car c'est l'une des raisons pour lesquelles mon ancien petit ami a rompu : mon pathos... (mon fado... pourtant, il l'adorait, disait-il, le fado). Comme un pauvre narcisse il a pourtant préféré fuir ma maison que le malheur avait frappée. Lui, il voulait la légèreté... Elle est restée dans son esprit, la légèreté... dans son esprit malade de ce qu'on appelle schizophrénie. Comment communiquer avec ceux dont la maladie est justement la rupture du processus de communication, la difficulté à "être au monde" ? Accepter la coupure, la non communicabilité. Renoncer à eux, renoncer à construire quoi que ce soit avec eux. Et continuer sa vie.
Aujourd'hui le graveur a fait son oeuvre, il a inscrit le nom et les dates de naissance et de mort de ma soeur sur la pierre.
On était là, Thierry (mon beau-frère) et moi, les larmes au bord de l'âme, les bras malhabiles à vider l'eau croupie d'une jardinière... comme ancrés dans cette réalité-là : l'absence. Pour laisser un peu tranquille le graveur, on s'est un peu éloignés dans l'allée d'Arman, Chabrol, et Mano Solo. Le Père Lachaise est devenu notre résidence secondaire, bientôt on en connaîtra toutes les anecdotes, toutes les nouveautés...
Un jour la joie, un jour la colère, un jour la légèreté, un jour la tristesse, un jour la détresse : voilà ma vie.
Viendra-t-il un jour le pur bonheur ? à quoi bon l'espérer ? Le pur bonheur est dans de si petites choses, si brèves... qu'il serait fou de vouloir le mettre en cage. Je l'ai voulu, l'emprisonner, mais je n'ai saisi que le souffle de mon corps prêt à expirer.
La mort d'Elisa m'a délivrée de la peur de ma propre mort... comme si elle avait passé le cap (de bonne espérance ?) avant moi... Comment pourrais-je avoir peur maintenant de ce que toi tu as dû traverser ? Toi, la courageuse, toi, la guerrière de notre temps.
Voici les photos glanées aujourd'hui au Père Lachaise :
Elisa Serra-Brillanceau, en son domaine... l'océan, la couture, la nature, et les artistes, ses amis.
Claude Chabrol, dont le nom, tracé au crayon depuis des semaines, n'est toujours pas gravé.
Mano Solo, en son jardin...
Une minette en balade, un minou ?
Photos (c) Luciamel, 28 janvier 2011, Père Lachaise.