Pour sortir de l'auberge...

Publié le 20 Février 2010


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Le débat semble se poursuivre, la réponse de
Noèse est riche et respectueuse, je l'en remercie (car ce sont qualités qui me font parfois défaut). Vu le tollé, et constatant comment les femmes s'en sont emparé (suivant deux positions distinctes, celle des mères et celle des non-mères), je me dis qu'Elisabeth Badinter a touché, là, un sujet hyper sensible. 

Petite recherche rapide pour alimenter ma/notre réflexion, ainsi que la découverte de quelques blogs fort intéressants :

Elisabeth Badinter est mère de trois enfants, ce n'est donc pas le ressentiment ou la frustration de ne pas avoir enfanté qui l'a conduite à essayer de démonter les préjugés sur un pseudo instinct maternel qui aurait existé tel quel de toute éternité... ces extraits de L'amour en plus me semblent édifiants. Pour approfondir encore, et, je l'espère, enrichir notre pensée (voire notre esprit), de nouveau un renvoi à l'excellent blog Dilemnes.com : il s'agit ici de la référence à l'émission Apostrophes (du 30/05/1980, ce qui ne nous rajeunit pas) où E. Badinter était invitée pour L'amour en plus. La question débattue étant celle de l'amour maternel, non pour le nier en tant que tel, comme tout autre forme d'amour celui-ci participe de notre humanité, mais pour essayer de démontrer qu'il n'a rien d'inné ou d'éternel. Un autre invité de cette même émission, "André LANGANEY, auteur de "Le sexe et l'innovation", pose la question de l'inné et de l'acquis dans le comportement maternel. Il étudie les espèces animales (dont certaines sont des automates génétiques) ou le comportement maternel n'intervient qu'à un certain niveau, et se demande si l'amour est un fait culturel ou un fait de société."

Force est de constater que ce "féminisme naturaliste", dénoncé aujourd'hui par la philosophe dans son récent ouvrage, Le conflit - la femme et la mère, nous renvoie étrangement à une époque que nous pensions révolue... Il est plus étonnant de voir que ce sont des féministes qui se mettent à défendre "l'instinct maternel", la naturalité de l'amour maternel (lui conférant une qualité d'inné et non d'acquis, invoquant même, pour ce faire, Darwin...). 

Olympe me rappelle qu'elle s'oppose à Badinter (dont le féminisme n'est pas allé jusqu'à garder son nom de jeune fille... et qu'on critique aussi pour sa position d'actionnaire et de Présidente du Conseil de surveillance du groupe Publicis, voir la page Wikipedia), non pour défendre l'instinct maternel, ou l'amour maternel... en soi, mais pour revendiquer le droit des femmes... à pouvoir rester à la maison, à allaiter, si elles le souhaitent, tout en étant protégées professionnellement... ça me semble un peu risqué (c'était d'ailleurs l'une des propositions de Sarkozy lors de la dernière campagne présidentielle : créer un "salaire pour les mères" souhaitant rester à la maison pour élever leurs enfants, car lui aussi défend le droit à une "maternité" protégée...). 

Mais, comme le dit Olympe , fort élégamment, lorsqu'elle analyse dans son dernier billet la campagne gouvernementale sur "La France [qui] investit dans son avenir", où l'on voit une Marianne enceinte jusqu'aux yeux, elle a "l'air maline à critiquer Elisabeth Badinter quand elle fustige le retour aux valeurs maternelles!"

Rédigé par Luciamel

Publié dans #Politique - société

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