Les chats
Publié le 24 Mars 2010
Ton corps couché sous la terre. Je vais de temps à autre vérifier la jardinière... Toi, tu n'es plus là. Tu es sur la montagne, tu es dans le soleil qui se lève, les fleurs que je t'ai apportées, la terre, le vent... Ton squelette qui se profile dans le cercueil, je l'imagine aussi... mes yeux ne veulent pas se leurrer...
Aujourd'hui, en rendant visite, comme à chaque fois, à ton voisin Bashung, j'ai vu que sa tombe était bien fleurie... plus que la tienne, mais j'ai aussi remarqué que sa famille non plus n'avait pas encore fait poser de pierre tombale... ni de stèle. Après un an, nous t'en ferons ériger une, avec un bas relief de Zoltan Zsako, notre ami. En face du radeau de la Méduse de Géricault, tu l'auras toi aussi ton oeuvre, toi l'artiste de la vie.
Voici les photos prises lors de ma dernière visite à ta nouvelle résidence secondaire...
Photos (c) Luciamel
Les chats
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Baudelaire.