Toutes ensemble, ou tous ensemble ?
Publié le 6 Janvier 2011
Photo (c) Luciamel, gâteau "de la reine" portugais (pour fêter les rois)
Dans le métro, ligne 2, un homme tient une petite fille, de 3/4 ans, dans ses bras. C'était peu avant Noël. Conversation.
- Après, c'est Noël, et la semaine d'après on reste tous les deux, dit l'homme.
- On reste toutes les deux, se réjouit d'avance la petite fille.
- On reste tous les deux, corrige l'homme.
- On reste tous les deux, accepte-t-elle, apprenant ainsi, dès son plus jeune âge, cette règle qui veut que le masculin l'emporte sur le féminin.
A la petite fille, il doit paraître bien étrange que lorsqu'elle se trouve avec sa mère, elles soient "toutes les deux", mais qu'avec son père elle perde son identité féminine pour se soumettre au genre masculin en devenant un "tous les deux".
Mais qui gagne au change finalement ? l'homme ? qui efface les genres, en atténuant son propre masculin (il le mêle à ce qui n'est pas lui, en disant que les différents sont identiques à lui); la femme ? qui, en quelque sorte, s'en trouve enrichie, elle est elle, et elle est lui. Elle est multiple par la différenciation (elle est "ils", elle est "elles"). Il est multiple par l'élimination de l'autre... ("elles" devient "ils"). Il n'est jamais autre qu'il(s). Elle est elle(s) et ils.
Et puis, tout ça rejoint la biologie... car, à l'origine de tous les genres, de tous les sexes, est le féminin. Le féminin est la base de l'XX et du XY. Sans X... pas de sexe et pas d'humanité. Pauvres hommes, si frustrés d'être des dérivations du féminin primordial, qu'ils ont voulu faire de leur "déformation", l'essentiel... le primordial ? Difficile à dire. Il serait plus logique que le "elles" (comme en allemand "Sie" ou "die" pour "les") soit le pluriel incluant le masculin et le féminin. Le masculin est, en français, en plus du masculin, le neutre. Je n'aimerais pas être un "neutre" sexuel (indifférencié), même si ça permet de dominer socialement.
Pourquoi vous parlé-je de ça ?
Il se trouve qu'on se prépare à lancer le 11/1/11 un événement blogosphérique détonnant : le MDB, ou Montmarte des Blogueuses, à l'initiative de Polluxe, soutenu par Olympe et par moi-même.
MDB : Just be, 46, rue Caulaincourt, Paris 18e, le 11/1/11, à partir de 19h.
Or, la question qui se pose est de savoir si pour avoir "des blogueuses" il nous est possible d'inviter aussi "des blogueurs"... Il suffit qu'un homme soit parmi nous pour que de "blogueuses" nous devenions "blogueurs"...
J'ai songé à leur suggérer de venir déguisés, en jupe, ou de féminité... mais, est-ce bien raisonnable ?
Les hommes qui ont créé une RDB (bientôt RDW ?) ou un KDB... ne se préoccupent pas de cela. Pour eux, blogs = blogueurs = eux, les blogueuses étant une sous-catégorie, "blogs féminins", subalterne... et pouvant s'ajouter à leur catégorie générique et dominante. Pour eux, eux = tout le monde, i.e. l'humanité. Pour nous, elles = des femmes, exclusivement.
Je me demande s'il ne serait pas judicieux de proposer une "galette des reines" pour ce premier MDB ? (celui qui dit qu'on va tirer les reines... ah ah ah... ou qu'on pourrait le faire à Bourg-la-Reine... ah ah ah, ne ferait que démontrer que nous, femmes, devons apprendre, comme tous les dominés, à nous protéger des moqueries en mettant les rieurs de notre côté) j'ai appris cette année, au Portugal, qu'en parallèle à un gâteau des rois (le plus commun), on avait coutume de préparer un gâteau de la reine. J'en ai goûté, moins de fruits confits, moins de couleurs... moins sucré, plus rustique. Car, comme souvent dans le monde animal : le masculin ne fait pas dans la sobriété. Pour poursuivre notre réflexion, Euterpe nous annonce que la galette des rois, était, à l'origine, une galette du Soleil.
Au début (de la création) était le Verbe, ou la Conjugaison ?
Bloguer ou ne pas bloguer... blogueuses ou blogueurs.
En lisant Suzanne aujourd'hui j'ai songé à ceci : qu'est-ce qui nous attire et nous donne envie de lire tel ou telle blogueur ou blogueuse, plutôt que tel(le) autre ? ça me semble bien mystérieux et profond... Alors, bloguons... et rencontrons-nous, histoire d'apprendre à faire nos accords en genre, en nombre, et, surtout, en affinité.