Le réveil de notre esprit déjà vieux...
Publié le 23 Avril 2011
Aujourd'hui vous parlerez de ça, et demain de ça... c'est pas vous qui choisissez ce qui doit occuper votre esprit, c'est nous. Nous ? Dans la série, les Médias et nos illusions nécessaires, qu'on pourrait décliner à l'infini... le blogueur m'apparaît de plus en plus comme le parfait dindon de la farce.
On lui balance une révolution, un tsunami, une photo polémique datant de 35 ans, un massacre dans une famille de cathos, une rumeur de grossesse de Carla Bruni, et le voilà qui s'emballe, qui s'excite comme un pauvre malheureux qui ne sait plus comment occuper son esprit devenu vieux...
Olympe a pris position, la sienne, sur un sujet qui la concernait au plus haut point, vu que son blog est spécialisé dans ces questions : la défense du droit des femmes. Régulièrement elle épluche ce qui dans l'actualité peut nous toucher, nous femmes. Je ne suis pas toujours d'accord, parfois je le lui dis, mais j'évite de plus en plus de commenter chez elle, tant la liste des gens venant s'épancher sur son blog s'allonge... La rançon de la gloire, me dis-je. Etre numéro "une" ça conduit à l'affluence mais aussi à la divergence... Son blog est précieux. Elle a été attaquée, je la soutiens.
Il s'agissait de la pénalisation des usagers de la prostitution... tout le monde dans la blogosphère, ou presque, s'est engouffré dans ce sujet hautement... ou bassement, croustillant.
On a eu droit à tout. Olympe nous a cité le pathétique témoignage de Caubère... consommateur défendant son droit à la consommation... en même temps qu'elle émettait des réserves sur la pénalisation des clients. Les féministes, mais qui sont précisément ces féministes ? celles qui ont mis en avant à la "une" de Libération l'utilisation du mot "salopes" ? celles qui ont voulu lyncher une des leurs ? "comment peut-elle être contre la pénalisation des clients ?". Elle le pouvait en tant que personne, ayant une vue subjective sur l'actualité. Point.
Doit-on suivre le modèle suédois (qui pousse à la prostitution clandestine) ou le modèle allemand (qui vante les mérites des grands supermarchés du sexe : les dernières Coupes du Monde de football ayant servi de vitrines à ce grand business) ?
J'ai détesté tous les billets de ces Messieurs (avec photos suggestives et regards égrillards à la clé) : notre droit à consommer... (en gros, c'est leur credo) ces femmes qui sont des "salopes"... bien plus de 343 d'après eux... Ceux-là, ça fait longtemps que leur misogynie (i.e. leur peur de la femme, qui se traduit même souvent par de la haine) les prive d'une partie d'eux-mêmes... Le courage leur manque de faire face à l'être humain qui n'est pas eux.
Mais, passant tous les jours à Pigalle... (je travaille à côté), j'ai eu l'occasion aussi de m'interroger sur ce goût qu'ont certaines femmes à se prostituer... même si on doit dire que c'est la pauvreté, l'esclavage, la malchance, sans doute, qui en a conduit beaucoup à se retrouver piégées. Certaines y trouvent sûrement un intérêt... autre que pécuniaire, cette exhibition sexuelle, cette manière que certaines ont de narguer les autes femmes qui passent près d'elles... Ca m'intrigue aussi. Il faut croire que certaines femmes veulent (par névrose, par traumatisme... par révolte, par perversion, que sais-je encore) en faire un métier. Dira-t-on que toutes les call-girls sont des victimes ? Les Madame Claude... n'ont pas seulement été des esclavagistes, ou des proxénètes. C'est un business (très lucratif), ne l'oublions pas, parce que des femmes aussi y trouvent leur compte.
Alors, je vais vous dire un truc... le féminisme... si c'est pour attaquer une copine à la première mésentente, je peux vous assurer qu'il ne vaut pas cher. Aussi, comme nous le rappelait Claudine Monteil lors du dernier MDB, surtout restons unies, discutons, débattons, soyons vives dans nos positions, mais, surtout, restons solidaires et tolérantes.
A bonnes entendeuses, salut.
"Sur la place chauffée au soleil
Une fille s’est mise à danser
Elle tourne toujours, pareille
Aux danseuses d’antiquités,
Sur la ville il fait trop chaud
Hommes et femmes sont assoupis
Et regardent par le carreau
Cette fille qui danse à midi
Ainsi certains jours, paraît
Une flamme à nos yeux
A l’église où j’allais
On l’appelait le bon Dieu
L’amoureux l’appelle l’amour
Le mendiant la charité
Le soleil l’appelle le jour
Et le brave homme la bonté
Sur la place vibrante d’air chaud
Où pas même ne paraît un chien
Ondulante comme un roseau
La fille bondit, s’en va, s’en vient
Ni guitare ni tambourin
Pour accompagner sa danse
Elle frappe dans ses mains
Pour se donner la cadence
(...)
Ainsi certains jours, paraît
Une flamme en nos cœurs
Mais nous ne voulons jamais
Laisser luire sa lueur
Nous nous bouchons les oreilles
Et nous nous voilons les yeux
Nous n’aimons point les réveils
De notre cœur déjà vieux
Sur la place, un chien hurle encore
Car la fille s’en est allée
Et comme le chien hurlant la mort
Pleurent les hommes leur destinée"
J. Brel, Sur la Place.